2023-2027 : Autonomie et solidarité

Autonomie et solidarité

Projet financé par la Ville de Paris (programme « Emergence(s) »)

Durée : 42 mois

Responsable : Julia Christ (LIER-FYT)

En France, la promotion de l’autonomie est l’un des objectifs centraux qui animent aujourd’hui les politiques publiques. Qu’il s’agisse des systèmes de retraite ou des politiques familiales, il ne s’agit pas seulement de protéger des individus en situation de précarité ou de vulnérabilité : l’objectif est également de favoriser la capacité des individus à réaliser leurs propres aspirations et leurs projets. Ce thème fait aujourd’hui l’objet d’un ensemble de controverses, à la fois entre experts et dans l’espace public, qui portent sur la définition de l’autonomie. L’ambition de notre projet est de contribuer à clarifier ces controverses, en précisant la signification du concept d’autonomie qui est mobilisé dans le contexte spécifique de l’Etat-nation français : il s’agit d’examiner la manière dont il s’est configuré historiquement comme un concept capable d’orienter les pratiques de solidarité.

Tandis que l’autonomie, dans le débat public, est généralement conçue comme un apanage de l’individu, notre ambition est de montrer qu’elle doit être décrite comme l’effet d’un certain régime de solidarité sociale, en développant une analyse comparative des processus d’autonomisation dans les sociétés modernes occidentales. Notre hypothèse est que l’Etat social est, dans le contexte français, un opérateur central du processus de formation de l’individu autonome. Pour le montrer, notre recherche procédera en deux temps.

Dans un premier temps, nous nous intéresserons au rôle joué par l’Etat social français dans le processus d’individualisation, qui se caractérise par un déclin du contrôle exercé par les groupes d’appartenance sur les actions et les pensées. Contre la conception libérale de l’émancipation, il s’agira de montrer le rôle joué par l’Etat dans cet affranchissement de l’individu vis-à-vis des contraintes sociales et familiales. Dans un second temps, nous montrerons que l’Etat a également constitué les groupes d’appartenance eux-mêmes comme des opérateurs d’individualisation. Comme le montre l’histoire des systèmes de retraite ou des politiques familiales, la famille a été constituée par l’Etat comme une instance chargée d’opérer la transmission des normes d’action et de pensée qui permettent la formation d’individus capables de s’auto-gouverner. Cette recherche permettra d’articuler le problème des conditions matérielles de l’autonomie à la question des conditions psychiques qui permettent à l’individu d’appréhender réflexivement la loi. En précisant la signification du concept d’autonomie dans le contexte de l’Etat-nation français, elle apportera une contribution originale aux débats concernant les transformations contemporaines de l’Etat social.

Membres de l’équipe : Julia Christ (CNRS, LIER-FYT), Bruno Karsenti (EHESS, LIER-FYT), Pierre-Henri Castel (EHESS, LIER-FYT), Catherine Perret (Université Paris 8), Isée Bernateau (Université Paris 7), Gildas Salmon (CNRS, LIER-FYT), Danny Trom (CNRS, LIER-FYT), Florence Hulak (Université Paris 8), Mathurin Schweyer (LIER-FYT)