Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Les auteurs et autrices de bande dessinée. La formation contrariée d'un groupe social

Pierre Nocérino

Résumé, Le métier d’auteur/autrice de BD demeure parmi les plus méconnus, tant du grand public et des pouvoirs publics que des chercheurs et chercheuses en sciences sociales. Ces dernières années cependant, des professionnels de la BD ont cherché à faire entendre dans l’espace public français, et à faire reconnaître par les pouvoirs publics, des problèmes qu’ils/elles jugent grever leur activité : précarité économique, souffrances au travail, sexisme, manque de reconnaissance sociale, statuts juridiques et fiscaux inadaptés... Certains d’entre eux/elles se sont dès lors engagés dans la transformation de leur communauté de métier en un groupe professionnel à part entière, avec l’espoir que sa spécificité et son autonomie soient reconnues par leurs divers interlocuteurs, parmi lesquels l’État. Toutefois, beaucoup d’auteurs et d’autrices de BD se montrent sceptiques, sinon réticents, à l’idée d’une organisation et d’une régulation collectives de leur activité. La première ambition de cette thèse aura été de lever le voile sur un métier qui demeure généralement dans l’ombre et sur la réalité de son quotidien. En entrant dans les ateliers de ceux et celles qui le pratiquent, en assistant à leurs échanges journaliers et en les suivant dans ces lieux essentiels pour eux/elles que sont les festivals, il a été possible de comprendre les conditions et les logiques de leur travail. La seconde ambition de cette thèse aura été de comprendre pourquoi le métier d’auteur/autrice de BD reste si mal connu et reconnu. À cet effet, j’ai suivi plusieurs collectifs d’auteurs et/ou d’autrices tentant de conférer à leur profession une forme d’unité et de visibilité. Ces analyses m’ont conduit à défendre l’idée que les difficultés des auteurs/autrices de BD à construire des revendications collectives et à donner à leur groupe professionnel une existence politique tiennent avant tout à la manière dont leur activité s’organise. En d’autres termes, pour comprendre la limite rencontrée par certains processus critiques au sein d’un milieu professionnel, il faut en revenir à la structuration des rapports de travail et au type de relations et de normes qu’elle favorise ou qu’au contraire, elle rend plus difficiles. Cette grille d’analyse peut dès lors être appliquée sur la longue durée : une telle rétrospection permet de comprendre la difficulté persistante que le métier d’auteur/autrice de BD a rencontrée, depuis sa naissance, pour se constituer politiquement. Elle permet aussi d’interpréter les moments de son histoire où cette constitution politique a commencé à s’élaborer et ainsi, de mieux comprendre les conditions qui seraient aujourd’hui nécessaires pour que cette constitution ait pleinement lieu., Jury,

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  • M. Cyril Lemieux (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Sylvain Lesage, Université de Lille
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  • M. Arnaud Mias, Université Paris-Dauphine
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  • M. Erik Neveu, IEP Rennes
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  • Mme Gwenaële Rot, IEP Paris
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  • Mme Bénédicte Zimmermann, EHESS
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