Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Le Théâtre d'improvisation : de la performance publique au travail d'atelier

Theo Gorin

Résumé

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En nous appuyant sur une méthodologie conversationnaliste d’inspiration ethnométhodologique, nous avons effectué, au cours de cette thèse, une analyse bicéphale du théâtre d’improvisation en prenant comme objet d’étude la performance publique et le travail d’atelier. Dans un premier mouvement, nous nous sommes focalisé sur la dimension spectaculaire de l’improvisation théâtrale. Nous avons analysé la façon dont le théâtre d’improvisation se démarque du cadre théâtral classique par l'émergence spontanée du cadre dramatique dans le temps même de l'action. Nous nous sommes également attaché à décrire, à l’aide des entretiens menés, les rapports particuliers qu’entretiennent les différents protagonistes de la performance, de l’improvisateur au spectateur en passant par le régisseur. Cela nous a conduit également à décrire la nature protéiforme de cette pratique en observant les différents types de format existant. Nous avons ensuite analysé la pratique dans ses aspects interactionnels afin d'entrevoir la façon dont comédiens et comédiennes font émerger collectivement, à partir d'une scène indéterminée, un univers fictif dans le cours d’action. Nous avons,en ce sens, montré comment l’improvisation théâtrale relève d’un exercice de contextualisation impliquant de négocier un ensemble d’indices de cadrage à travers une activité métapragmatique implicite. Nous nous sommes attardé en dernier lieu à saisir le cadre dramatique à la fois comme contrainte et comme ressource en définissant notamment les éléments indexicaux comme des affordances d’actions dramatiques. Dans un second mouvement, nous nous sommes tourné vers le travail d’atelier en tant que lieu dédié à l’exercice et à l’apprentissage du théâtre d’improvisation. En rebondissant sur l’analyse de la performance publique, nous nous sommes d’abord attaché à définir l’improvisation théâtrale dans sa dimension technique. En nous appuyant sur la notion de technique du corps développée par Marcel Mauss, nous avons dressé une cartographie des techniques du corps propre au théâtre d’improvisation. Nous avons ensuite insisté, à travers l’œuvre de Merleau-Ponty, sur l’importance de saisir ces techniques du corps, non comme des phénomènes à distance, mais bien comme des processus participant à la constitution poïétique du corps propre du comédien. Afin d’appréhender ces enjeux tels qu’ils se font, notre regard s’est logiquement tourné vers l'atelier d’improvisation théâtrale. En nous appuyant sur l'enquête ethnographique menée auprès de différents collectifs, nous nous sommes attaché à décrire et à analyser le cadre interactionnel de l'atelier. Nous avons observé l'existence de différentes configurations impliquant une distinction entre les ateliers auto-gérés et les ateliers hétéro-gérés et démontré dans le même temps comment ces configurations impliquaient des enjeux spécifiques quant aux cadres de participation à l’œuvre. Nous avons également identifié et décrit les différentes phases caractéristiques de l’atelier, de la préparation en amont de l'atelier à la clôture de celui-ci en passant par la phase d'échauffement, d'exercices et de jeu libre. Dans un dernier temps, nous avons focalisé notre attention sur les retours post-exercice qui se constituent comme un moment charnière de l’activité pédagogique. Nous avons pu montrer, à l’aide des transcriptions, la façon dont les retours engagent des activités évaluatives, instructives et parfois définitionnelles. En focalisant notre attention sur les ressources multimodales engagés par les locuteurs, nous avons montré l’utilisation récurrente de micro-saynète permettant aux locuteurs de jouer ou de rejouer des personnages, des actions ou des répliques selon des objectifs évaluatifs, instructionnels ou définitionnels. En dernier lieu, nous avons montré la façon dont au cours des retours différents plans de réflexivité pouvaient émerger, de l’individuel au collectif en passant par le plan plus général de la pratique.

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Jury

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  • M. Michel de Fornel (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Olivier Baude, Université Paris Nanterre
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  • Mme Pauline Bouchet, Université Grenoble Alpes
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  • M. Jean-François Dusigne, Université Paris 8 Vincennes Saint- Denis
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  • M. Mathieu Hainselin, Université de Picardie Jules Verne
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  • M. Denis Laborde, CNRS
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  • Mme Mena Lafkioui, EHESS
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  • Mme Christiane Page, Université Rennes 2
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