Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Derrière l'anticorruption, les transformations de la société. Enquête sur la politisation des affaires d'enrichissement illégal dans la Roumanie postcommuniste

Alexandra Oprea

Résumé

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Nombreux sont les discours qui présentent la corruption comme étant en Roumanie un trait culturel. Elle correspondrait, dans ce pays, à des normes ataviques. Partant, elle serait un phénomène profondément ancré dans les attentes sociales, auquel les acteurs se rapporteraient sur le mode de l’évidence. S’il en était ainsi, cependant, comment expliquer que ces dernières années, de plus en plus de citoyen.ne.s roumain.e.s dénoncent la corruption comme une pratique « choquante » et « anormale » ? Une explication courante réside dans l’hypothèse selon laquelle cette condamnation croissante de la corruption dans la Roumanie contemporaine est l’effet d’une pression externe, émanant pour l’essentiel des institutions et des agents de l'Union européenne, et que, de ce fait, elle reste superficielle. Notre travail de thèse privilégie une hypothèse différente : nous partons du postulat selon lequel l’augmentation de l’intolérance à l’égard de la corruption, loin de résulter uniquement et d’abord de pressions exogènes, a pour origine des transformations endogènes à la société roumaine – en vertu desquelles ces pressions exogènes en viennent à être mieux reçues qu’elles ne l’étaient. En nous inspirant de la perspective durkheimienne, et en la combinant à une méthodologie d’enquête d’inspiration socio-pragmatique (attentive, notamment, à l’analyse des « affaires » et aux interprétations qu’en font les acteurs), nous cherchons ainsi à montrer en quoi l’accroissement de la division du travail et conséquemment, la progression au sein des rapports sociaux des normes d’individualisation, ont progressivement modifié les dispositions et les sensibilités des différents groupes sociaux constituant la société roumaine, à l’égard des « enrichissements personnels illégaux ». Outre une ethnographie menée au sein de l’association bucarestoise anticorruption Funky Citizens, notre enquête se fonde principalement sur des documents historiques, des archives de presse et des données statistiques qui permettent de retracer en parallèle des transformations structurelles de la société roumaine, l’évolution de la politisation de la corruption, de la fin de la période communiste (scandale Gheorghe Ștefănescu en 1978) aux mobilisations citoyennes anticorruption de la fin des années 2010 (telles celles nées à la suite de l’incendie de la boite de nuit Colectiv, en 2015) en passant par la période de mise en place du régime postcommuniste (affaires du système bancaire en 1994) et celle du « tournant anticorruption » dans les années 2000 (affaire Adrian Năstase en 2004).

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Jury

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  • M. Cyril Lemieux (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Florin Turcanu (Directeur de thèse), Université de Bucarest
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  • Mme Françoise Dreyfus, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
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  • Mme Aude Merlin, Université Libre de Bruxelles
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  • M. Cristian Preda, Université de Bucarest
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  • M. Antoine Roger, Sciences Po Bordeaux
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