Lucas Bouguereau

Doctorant.e
Pôle Histoire

L’objet de ma thèse intitulée L’enfance en fuite. Histoire des expériences enfantines du monde social au travers des pratiques de fugues, 1880-1945 porte sur l’appréhension des manières enfantines d’être au monde dans un contexte de fortes évolutions des manières de percevoir l’enfance. Choisir le biais de la fugue me permet d’interroger la pluralité des enfances et leurs variations dans des situations historiquement et socialement situées, étant entendu que les rapports de classes, de genre ou d’âge induisent des différences notables dans les manières d’être socialisé et d’agir. La fuite fonctionne alors comme un révélateur de normes sociales produites par les institutions d’encadrement de l’enfance (famille, école, apprentissage…) en même temps qu’elle permet de déceler les capacités d’agir (agency) déployées par les fugueurs dans leur volonté de rupture avec celles-ci. Mes recherches s’appuient sur des corpus de sources judiciaires et scolaires qui laissent percevoir les expériences enfantines du monde social car ces derniers sont amenés à justifier leur fuite à plusieurs reprises devant l’institution policière, judiciaire et médicale. En plus de confronter les représentations adultes et juvéniles du monde social sur un même événement, ces sources nous amènent à travailler sur les imaginaires enfantins confronté aux réalités des épreuves vécues. Souvent motivées par des rêves de liberté et « d’aventure », les motifs initiaux des fuites se trouvent sans cesse reconfigurés dans des cours d’actions au fil des situations auxquelles les enfants sont confrontés.