Noé Latreille de Fozières

Doctorant.e
Pôle sociologie

Champs de recherche

Industrie musicale – Sociologie du numérique – Sociologie du travail – Sociologie de la connaissance – Temporalités – Méthodes quantitatives et qualitatives

Présentation de la thèse

Bénéficiant d’un contrat CIFRE au sein d’une major musicale, ma thèse a pour titre provisoire : « De l’oubli à la viralité, la résurgence des musiques du passé sur Internet ». Co-dirigée par Cyril Lemieux (LIER-FYT) et Edouard Gardella (LIER-FYT), cette dernière porte sur la circulation virale au sein des plateformes numériques (plateformes de streaming, réseaux sociaux, sites web...) de musiques plus ou moins tombées dans l’oubli.

Depuis 2018, le streaming est devenu la source majoritaire de revenus pour de nombreux acteurs de l’industrie musicale. En France, on compte près de 20 millions d’utilisateurs de streaming musical (SNEP, 2021), témoignant de l’implantation durable de ces plateformes dans les chaînes d’intermédiation de cette industrie. En parallèle de cette mutation, les plateformes sociales numériques (TikTok et Instagram notamment) ont largement redéfini les possibilités offertes en termes d’information, de promotion des artistes ou encore de construction de communautés de fans. En quelques années, l’application TikTok est devenue célèbre par sa capacité à générer des phénomènes sociaux massifs autour de titres musicaux au point d’apparaître comme un acteur incontournable de l’industrie. Plus encore, par la généralisation d’Internet, de l’usage de ces plateformes et par le biais d’innovations numériques, la production et la sauvegarde d’immenses bases de données comportementales des internautes (big data) se sont banalisées (Cardon, 2015, 2019) au point que leur valorisation se trouve désormais au cœur des stratégies des entreprises de cette industrie et des relations entre maisons de disque et plateformes de streaming.

Au sein de cette industrie en forte mutation, ma thèse porte sur les phénomènes de viralité autour de titres plus ou moins oubliés, en particulier à travers l’étude de nouvelles pratiques de consommation de la musique à l’instar des détournements systématiques de titres musicaux sur TikTok. Mais, au-delà de cet objet d’étude, l’originalité de ma thèse réside dans une approche qui vise à étudier certains enjeux de la numérimorphose de l’industrie musicale par une attention égale accordée aux phénomènes sur Internet et aux pratiques professionnelles au sein d’une major musicale. En puisant dans une diversité de méthodes – analyse de contenus numériques, approche statistique, entretiens et observation participante – ma thèse cherche à saisir dans un mouvement analytique, l’émergence des phénomènes de résurgence sur Internet, l’adaptation des pratiques professionnelles au sein d’une major musicale par rapport à l’évolution des pratiques de consommation et, enfin, la redéfinition des liens d’interdépendance entre les acteurs de l’industrie musicale.

Mémoire de M2

« De la nécrophagie à la patrimonialisation de la chanson : le monde du traitement posthume d’un artiste dans l’industrie musicale », 2020, jury de soutenance : Edouard Gardella (dir. de rech.), Pierre-Michel Menger