Pierre-François Mouraud

Pierre-François Mouraud

Doctorant.e
Pôle philosophie
Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas
 
Champs de recherche
 
Pragmatisme américain - Philosophie des sciences sociales - Théorie politique et sociale - Epistémologie
 
Présentation
 
Mon projet de thèse porte sur le philosophe pragmatiste, Robert Brandom. C’est le résultat de recherches entreprises en Master. Il s’agissait de mettre en perspective les concepts utilisés par les psychanalystes et psychologues au contact des enfants qui souffrent, pour décrire leurs dessins, de façon pragmatiste, c’est-à-dire expressive, dans une inspiration brandomienne. J’ai ainsi renouvelé le préjugé massivement représentationnel, attaché au dessin d’enfant. Dans cette approche, nourrie par mon observation participante dans un centre médico-psycho-pédagogique, la représentation apparaissait alors moins comme la nature de l’image, que comme l’explicitation de ce qui reste implicite dans les pratiques (le know-how) des thérapeutes avec les enfants.
 
Cette articulation pragmatisme-philosophie des sciences sociales a confirmé pour moi l’intérêt de la philosophie de Brandom. Mon projet de thèse entend justement élucider le concept d’objectivité qu’il met en place, à travers une sémantique très sophistiquée et une appropriation pragmatiste de l’histoire des théories philosophiques de la rationalité moderne, qui commence avec l’avènement de l’autonomie chez les Lumières. Si Brandom s’attache à montrer en quoi la raison échappe au relativisme en contexte démocratique, cette idée ne trouve son sens, me semble-t-il, que d’être rapportée au problème de la dénaturalisation et à la manière par laquelle les sciences sociales — le type de socialité (historique et holiste) qu’elles incarnent — peuvent apparaître comme une solution à ce problème. La démocratie dont le modèle est ici américain et qui est relue en lien avec le mouvement pragmatiste, n’est plus alors un régime politique parmi d’autres, mais bien l’état des moeurs de la modernité, l’incarnation de ce « nous » capable de s’auto-rectifier dans le processus de l’échange des raisons.
 
Je fais partie du groupe qui a réalisé la traduction en français de Reason in Philosophy de Brandom à paraître en janvier 2021 aux éditions Ithaque. Ma thèse est dirigée par Pierre-Henri Castel (LIER-FYT).