Gildas Salmon

Gildas Salmon

Chercheur.e statutaire
Pôle philosophie

gildas.salmon@gmail.com

Mon travail a porté jusqu’ici sur l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss. En prenant pour objet le concept de transformation, j’ai proposé de l’interpréter comme un point de retournement dans l’histoire du comparatisme : alors qu’on avait toujours cru que comparer ne pouvait consister qu’à recenser les ressemblances qui unissent les sociétés, Lévi-Strauss propose au contraire de faire des différences recensées par les ethnographes le moteur de la comparaison. Or cette nouvelle forme de comparatisme est indissociable d’une théorie de l’esprit qui s’appuie sur la théorie saussurienne de la valeur. En effet, les relations de transformations permettent de retracer les opérations par lesquelles une société forge ses mythes ou ses institutions en déformant ceux qu’elles trouvent chez ses voisines.

A partir du travail que j’ai effectué sur Lévi-Strauss, mon objectif est désormais de retracer une histoire du comparatisme depuis le XIXe siècle. Mon travail sur Franz Boas vise ainsi à définir la manière dont les exigences issues de la grammaire comparée et de la biologie sont venues altérer la nature de la comparaison anthropologique. Plus largement, il s’agit de comprendre comment l’émergence des disciplines comparatives vient introduire une nouvelle forme de réflexivité dans les sociétés modernes : il n’est désormais plus possible de se connaître soi-même qu’en se saisissant comme une variante à l’intérieur d’un réseau plus large.

Enfin, je souhaite également interroger les interactions contemporaines entre philosophie et anthropologie. Dans cette perspective, j’ai co-organisé le colloque « Métaphysiques comparées » à Cerisy en juillet 2013 avec P. Charbonnier et P. Skafish.

Enseignements :

- séminaire « Sciences sociales et modernité » à l’EHESS, avec P. Charbonnier et F. Hulak

- Ateliers Philosophie et sciences sociales (EHESS – Paris 1), « Les usages sociaux de la langue » avec M. Plouviez

  Parmi les dernières publications:

« Les paradoxes de la supervision. Le ‘règne du droit’ à l’épreuve de la situation coloniale dans l’Inde britannique (1769-1781) », Politix. Revue des sciences sociales du politique, 31 (123), p. 35-62.

Les Structures de l’esprit, Lévi-Strauss et les mythes, Paris, Presses Universitaires de France, collection Pratiques théoriques, 2013, 289 pages.

« Forme et variante, Franz Boas dans l’histoire du comparatisme », in Michel Espagne et Isabelle Kalinowski (dir.), Franz Boas, le travail du regard, Paris, Armand Colin, 2013 (sous presse), 26p.

« La réalité symbolique du social, retour sur le débat entre Sartre et Lévi-Strauss », Philosophie, Paris, Editions de Minuit, 2012, pp.59-74

« Du système à la structure : la redéfinition de la méthode comparative dans "Les systèmes de transformations" (La Pensée sauvage, chapitre 3) », in Patrice Maniglier (dir.), Le Moment philosophique des années 1960, Paris, PUF, 2011, pp.159-176.

« Les incongruités de la pensée symbolique », Philosophie, Paris, Editions de Minuit, numéro spécial sur Claude Lévi-Strauss, dirigé par Marcel Hénaff, juin 2008, pp.71-90

So far my work has focused on the structural anthropology of Lévi-Strauss. I focused on the concept of transformation, which I viewed as a turning point in the history of comparativism. While it has been believed that comparing could only consist in identifying societies’ similarities, Lévi-Strauss suggested that comparison be based on the differences identified by ethnologists. This new form of comparativism is inseparable from a theory of mind that draws on Saussure’s theory of value. Indeed, transformation relations enable us to study how a society forges its myths or institutions and distorts other societies’.
 
With my work on Lévi-Strauss, I now aim to write the history of comparativism since the 19th century. Thus my research on Franz Boas seeks to define how the requisites resulting from the comparative grammar and biology altered the nature of anthropological comparison. More generally, I want to understand how the emergence of comparative disciplines has provided modern societies with a new form of reflexivity: from now on a society can only know itself by viewing itself as a variation within a larger network.
 
Finally, I also want to examine the contemporary interactions between philosophy and anthropology. To that end, I organized the symposium “Comparative Metaphysics” (“Métaphysiques comparées”) at Cerisy in July 2013 with P. Charbonnier and P. Skafish.

Teachings:
Seminar “Social Science Faced With Modernity” (“Les sciences sociales face à la modernité”) at the EHESS, with P. Charbonnier and F. Hulak
Workshop “Philosophy and Social Science” (“Philosophie et sciences sociales”) (EHESS – Paris 1), “Language’s Social Uses” (“Usages sociaux de la langue”), with M. Plouviez
 

Recent publications:

« Les paradoxes de la supervision. Le ‘règne du droit’ à l’épreuve de la situation coloniale dans l’Inde britannique (1769-1781) », Politix. Revue des sciences sociales du politique, 31 (123), p. 35-62.

Les Structures de l’esprit, Lévi-Strauss et les mythes
, Paris, Presses Universitaires de France, collection Pratiques théoriques, 2013, 289 pages.

« Forme et variante, Franz Boas dans l’histoire du comparatisme », in Michel Espagne et Isabelle Kalinowski (dir.), Franz Boas, le travail du regard, Paris, Armand Colin, 2013 (sous presse), 26p.

« La réalité symbolique du social, retour sur le débat entre Sartre et Lévi-Strauss », Philosophie, Paris, Editions de Minuit, 2012, pp.59-74

« Du système à la structure : la redéfinition de la méthode comparative dans "Les systèmes de transformations" (La Pensée sauvage, chapitre 3) », in Patrice Maniglier (dir.), Le Moment philosophique des années 1960, Paris, PUF, 2011, pp.159-176.

« Les incongruités de la pensée symbolique », Philosophie, Paris, Editions de Minuit, numéro spécial sur Claude Lévi-Strauss, dirigé par Marcel Hénaff, juin 2008, pp.71-90