Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Ordonner ou convaincre ? Une étude comparée du commandement militaire supérieur pendant la Seconde Guerre mondiale

Daniel Feldmann

Résumé

,

Ce travail s’intéresse au rôle et aux degrés de liberté des généraux dans les armées alliées pendant la campagne du Nord-Ouest de l’Europe (1944-1945) pendant la Seconde Guerre mondiale. Une revue des doctrines militaires britannique et américaine ainsi que des études historiques produites depuis 1945 souligne que le commandement au niveau des officiers supérieurs n’est généralement pas posé en problème. Pourtant les relations d’autorité au niveau groupes d’armées / armées / corps d’armée / divisions sont des liens « entre chefs » dont la nature diffère de l’autorité entre officiers de contacts et simples soldats.  Cerner la fonction d’un général a deux prérequis : d’une part identifier son périmètre de responsabilité pour distinguer les individus sur lesquels il a une autorité hiérarchique de ceux avec lesquelles il doit s’en remettre à un mode coopératif (ainsi d’un général de l’armée de terre vis-à-vis des aviateurs) ; d’autre part reconstituer son agenda afin de comprendre où il se place (arrières / quartier général / ligne de front), ce qu’il observe, à qui il s’adresse (supérieur / subordonnés / pairs), et par quel medium (ordres écrits / conversations téléphoniques / officiers de liaison / conférences en présentiel). L’étude se concentre ensuite sur deux fonctions essentielles du général : convaincre son organisation d’adhérer à ses plans ; et ajuster les efforts en fonction du développement des opérations. Les techniques d’influence mises en évidence dans les années 1980 par la psychologie sociale, tout comme ma propre expérience au sein de cabinets de conseil en stratégie au contact de dirigeants d’entreprise fournissent une grille analyse. Appliquée à des exemples historiques, elle permet de faire parler les sources de façon novatrice. Les comportements (et donc les libertés) des généraux se traduisent au moins dans trois dimensions :  premièrement, dans le temps consacré à la planification des futures opérations par rapport à celui dédié aux ajustements quotidiens des combats ; ensuite dans le nombre d’interactions avec le supérieur et les subordonnés (qui ressortent deux à trois fois plus nombreuses chez le britannique Miles Dempsey que chez les américains George Patton et Courtney Hodges), interactions dont la fréquence est nécessaire non seulement à la bonne compréhension réciproque des intentions et des possibilités de chacun mais aussi à l’exercice des techniques d’influence de chef à chef ; enfin dans la mise en place de systèmes de « contrôle-commande », pour recueillir l’information ou transmettre des instructions, et qui s’ajoutent à ceux préexistant au sein des administrations militaires.

,

Jury

,
    ,
  • M. Emmanuel Saint-Fuscien (Directeur de thèse), EHESS
  • ,
  • Mme Laure Kloetzer, Université de Neuchâtel
  • ,
  • Mme Julie Le Gac, Université Paris-Nanterre
  • ,
  • M. Christian Ingrao, CNRS
  • ,
  • M. Didier Nugues, SNCF
  • ,
  • M. Guillaume Piketty, Sciences Po Paris
  • ,
Partager ce contenu