
Type de publication et date de parution
RevueGerminal
#7 - À quoi bon le socialisme ?
Nathan Cazeneuve (LIER-FYT) et Emmanuel Jousse (Sciences Po).
L’insoutenabilité de nos modes de production et l’augmentation des inégalités ces dernières décennies sous l’effet de la constitution de la mondialisation libérale font aujourd’hui l’objet d’un relatif consensus. Alors que cette situation appelle une socialisation écologique de l’économie, le socialisme semble pourtant en retrait. Il ne se présente plus comme un cadre d’analyse largement répandu ni un discours mobilisateur ou un projet consistant pour l’avenir. À quoi bon, alors, promouvoir ce socialisme du présent que la revue Germinal s’est efforcée de nourrir au travers de ses six premiers numéros ?
Dans ses discours, la critique semble avoir abandonné le socialisme autant comme cadre d’analyse que comme horizon au profit des clivages populistes entre le « peuple » et les « élites » ou d’objectifs d’émancipation individuels souvent conçus comme des enjeux davantage culturels que sociaux. La critique rejoint alors le langage du libéralisme et peine à formuler un projet social conséquent, à la hauteur des enjeux contemporains. Le libéralisme quant à lui s’avère insuffisant pour répondre aux exigences d’organisation de l’économie nécessaires pour faire face aux inégalités et à la transformation écologique.
Ce numéro de Germinal entend ainsi partir des tendances et des entraves présentes au socialisme afin d’éclairer ce dont il est porteur comme cadre d’analyse sociale et comme horizon politique. Une première série de contributions s’attache à en dégager les lignes directrices face aux enjeux de régulation des capitalismes mondialisés. Le socialisme est ensuite analysé comme un mouvement historique et une théorie du changement social au travers d’articles sur les rapports entre conflits et démocratie, sur la planification et l’organisation démocratique de la production, sur la notion de « transition » au socialisme, ou encore sur les groupes sociaux porteurs du socialisme. Enfin, ce numéro s’attache à dégager comment le socialisme se révèle à même d’articuler les ambitions de la pensée critique sur l’émancipation individuelle, le féminisme et l’anti-racisme et de les ancrer dans une analyse et un horizon sociologique.
Avec, pour le LIER-FYT, les contributions de Nathan Cazeneuve, Julia Christ, Bruno Karsenti, Cyril Lemieux et Milo Lévy-Bruhl.
Sommaire
Édito – À quoi pour le socialisme ?
Nathan Cazeneuve
Retrouver le socialisme sous « le déjà-là communiste » du salariat. Entre protection des travailleurs et néolibéralisme.
Claude Didry
Quel est l’avenir du socialisme ?
Cyril Lemieux
Quel sens pour le socialisme au XXIe siècle ?
Nancy Fraser
Socialisme démocratique : l’identité doctrinale face aux intérêts géo-stratégiques
Alexandre Escudier
Politiser les travailleurs. La portée radicale de la social-démocratie
Martin Georges
La social-démocratie nordique à la croisée des chemins. Le prisme suédois et danois
Yohann Aucante
Les voies socialistes du changement social
Emmanuel Jousse
Que nul n’entre ici s’il n’est historien. Les socialistes et l’histoire
Christophe Prochasson
Signification immédiate du Front Populaire et incompréhension postérieure. Léon Blum et les jalons d’une doctrine socialiste oubliée
Milo Lévy-Bruhl
Planification écologique, concertation et prospective
Eric Monnet
Un temps libre ? Socialisme et temps sociaux
Marion Fontaine
Énergie et socialisme : même transition, même combat ?
Lucie Rondeau du Noyer
Le Pacte vert européen : construire la transition juste en Europe
Éloi Laurent
Ce que peut le socialisme pour l’Europe politique
Nicolas Leron
La crise du socialisme et les identités
Bruno Karsenti
« Ce qui a un genre, ce n’est pas notre “moi”, ce sont nos manières d’agir »
Entretien avec Irène Théry
Identités, religions, appartenances. Y a-t-il un universalisme de gauche à même de répondre des groupes sociaux
Julia Christ
La critique décolonisée : sa nécessité, son ambiguïté et ses limites
Alain Policar
Socialisme et religion
Frédéric Brahami