Arsène Caens

Arsène Caens

Doctorant.e
Pôle sociologie
Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités - Fonds Yan Thomas

arsene.caens@gmail.com

Thèse

Arsène Caens prépare une thèse en anthropologie linguistique sous la direction de Michel de Fornel, intitulée : L’enquête en art(s) : approche situationnelle de la notion d’oeuvre à l’époque contemporaine.

Sujet

La recherche que je conduis se situe au croisement de l’anthropologique linguistique et de la sociologie, dans une approche d’inspiration ethnométhodologique et d’analyse de conversation. J’y aborde un ensemble de phénomènes descriptibles à partir du concept d’itérativité (propriété d’une action se réactualisant à travers une multiplicité d’occurrences) dans le cas de pratiques artistiques relevant du domaine de la performance. Dans ce contexte, j’analyse les pratiques de retelling, reformulation, rephrasage, répétition, rejeu, etc., qui permettent aux acteur de la situation de travail d’aborder réflexivement, en la repositionnant et en la recontextualisant à de multiples reprises, une donnée énonciative destinée à être fixée dans une forme durable d’oeuvre ou de discours.

Les données que j’analyse sont produites dans le cadre d’une enquête multi-située, investissant trois terrains différents et complémentaires. Reprenant la tripartition classique, dans le domaine de l’esthétique générale, entre art, poésie et musique, j’enquête simultanément sur le travail de workshop en art contemporain, d’atelier en poésie contemporaine et de répétition en musique contemporaine. J’analyse à partir de mes données les procédures routinières par lesquelles les acteurs produisent collaborativement, dans des situations de travail en coprésence, les textualités nécessaires à la coordination de leurs actions dans le temps plus ou moins long de la pratique. C’est dans ces contextes qu’apparaissent les opérations méta-énonciatives qui nous intéressent, accomplies par les acteurs à l’échelle des unités énonciatives de base, constitutives des formes textuelles complexes qui font oeuvre. Par l’enjeu de la reprise, ou du « rejeu », d’un dire ou un faire antérieur textualisé, les procédures ititératives jouent un rôle déterminant dans la cumulativité des expériences qu’un collectif humain peut être amené à faire des unités énonciative propres au registre d’expression qui le caractérise.

Ces unités sont : dans le cas du récit de pratique en art contemporain, les actes d’assertion (à partir de la notion de « statement ») ; dans la parole poétique, le vers (« la ligne ») ; dans la performance musicale, l’unité gestuelle (la « phrase »). Je discute à partir de là certains problèmes classiques de la philosophie esthétique, en les repositionnant sur une base empirique, utilisant les pratiques conversationnelles des acteurs comme dénominateur commun (« levier d’Archimède », au sens de Schegloff) de la relation aux oeuvres en train de se faire. L’itérativé apparaît alors comme une propriété constitutive de ces formes énonciatives, par définition impermanentes, mais néanmoins destinées à s’inscrire durablement dans la culture d’un groupe, d’un milieu, d’un champ, etc., sous la forme de macro-actes énonciatifs ayant le statut d’ « oeuvre ». Analysé comme une procédure d’instauration et d’historicisation dans le temps plus ou moins long de la pratique, le problème de l’itérativité nous permet d’aborder sous un angle spécifique et local, les processus de culturalisation complexes à partir desquels se conçoit « une chose qui dure » (Durkheim) ; ou, pour employer un autre vocabulaire, un « artefact », au sens de l’anthropologie linguistique.

Parcours académique

Master de l’EHESS en anthropologie de l’écriture (Mention Arts et Langages)

Premier cycle de l’École du Louvre, spécialité « histoire de l’estampe » (arts de l’imprimé)

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