Type d'événement, date(s) et adresse(s)
10e congrès de l'Association Française de Sociologie

Congrès 2023 de l’Association Française de Sociologie
Le LIER-FYT sera présent !
MARDI 4 JUILLET
10h30-12h30
RT 21 : Mouvement sociaux
Session 1 : « Discussions et conflits autour de l\'intersectionnalité dans les mobilisations »
Mischa Dekker : « "J’ai l'impression que je ne ferais que renforcer le stéréotype" : Parler des "harceleurs" dans le partage en ligne et hors ligne des expériences de harcèlement de rue »
Résumé :
Depuis le milieu des années 2010, des organisations militantes françaises ont créé divers espaces en ligne et hors ligne où les victimes de harcèlement de rue peuvent partager leurs expériences. Une question a soulevé de nombreuses controverses parmi les militant.e.s : comment traiter les personnes qui partagent des expériences liant le harcèlement de rue aux hommes racisés ? La communication s’appuie sur la recherche sociologique sur le « storytelling » dans les mouvements sociaux (Polletta et al. 2011 ; Fileborn 2016) en analysant le processus de négociation sur ce qui constitue un « bon » récit de harcèlement de rue. De nombreuses personnes ont structuré leurs récits non seulement en fonction de ce qu’elles voulaient partager, mais aussi de leur volonté d’éviter les effets négatifs auxquels leurs témoignages pourraient donner lieu (par exemple, éviter que ces derniers soient repris en vue de développer un discours xénophobe). Sur la base d’une analyse de 532 expériences partagées sur différentes plateformes, d’observations ethnographiques et d’entretiens, j’analyse comment l’« appréhension » (Dekker 2022) de stigmatiser des hommes racisés a façonné les récits des victimes de harcèlement.
17h-18h30
RT 14 : Sociologie des arts et de la culture
Session 2 : « Les représentations qui circulent dans les biens symboliques »
Pierre Nocérino : « Quand la responsabilité de représentation met à l’épreuve un groupe professionnel : retour sur “l’affaire Vivès” »
Résumé :
En décembre 2022, le milieu de la bande dessinée est bousculé par « l’affaire Vivès». Les professionnel·les de la bande dessinée se disputent sur leurs responsabilités (politique, morale, juridique) vis-à-vis des représentations qu’ils et elles contribuent à produire dans leurs œuvres. De la revendication d’une liberté individuelle totale à une demande de régulation collective de l’activité, ces débats sont révélateurs des modalités de politisation dans le milieu. L’analyse de cette controverse sera ainsi l’occasion de se demander à quelles conditions des problèmes publics généraux peuvent contribuer à l’autonomisation des professionnel·les d’une industrie culturelle.
MERCREDI 5 JUILLET
9h-10h30
RT 42 : Sociologie des élites
Session 3 : « Circulations, conflits et loyautés dans les crises »
Aleksandr Lutsenko : « Les élites économiques et le pouvoir politique en Russie : une loyauté à l’épreuve de la confrontation avec l’Occident »
Résumé :
La guerre en Ukraine, déclenchée par le Kremlin au début de l’année 2022, a affecté les positions des élites économiques russes. Les sanctions économiques et le gel des avoirs étrangers sapent les bases économiques de leur statut dominant. Alors qu'on s'attendrait à voir naître une dissension et une opposition au sein de ces élites, on ne constate aucune critique publique émanant d’elles et visant le chef de l'État. Les élites russes semblent avoir serré les rangs. Notre communication propose de comprendre les fondements de la cohésion élitaire dans la Russie poutinienne en temps de crise. La durabilité des régimes autoritaires et leur capacité à résister aux crises sont souvent attribuées à la capacité du leader politique à assurer l’unité des élites autour de lui par des stratégies de cooptation et de répression (Gerschewki 2018 ; Bove 2014). Nous proposons de comprendre la cohésion élitaire en considérant les logiques des actions des élites dominées, en l’occurrence les élites économiques, en leur attribuant un rôle plus actif dans le maintien du régime. En tenant compte de la dimension dramaturgique de la loyauté autoritaire (Schedler et Hoffman 2016), la communication vise à analyser les actes publics d’allégeance dans le contexte des stratégies déployées par les capitaines d’industrie russes afin de maintenir leurs positions dominantes. La loyauté envers Vladimir Poutine relève moins d’une attitude personnelle des milliardaires qu’elle ne s’inscrit dans une structure normative ayant un caractère collectif et contraignant. La participation aux rituels d’allégeance est une condition importante pour sécuriser les avoirs et maintenir l’accès aux réseaux de pouvoir informels à travers lesquels se distribuent les ressources. Dans cette perspective, l’ensemble des acteurs du monde politico-économique participe collectivement au contrôle politique horizontal en se surveillant mutuellement, en excluant les intrus et en s’obligeant à l’expression d’allégeance. Une analyse des relations entre les différentes factions de l'élite en Russie permet de mieux comprendre la structure des besoins dans laquelle cette supériorité dans la soumission prend sens.
11h-13h
RT 11 : Sociologie de la consommation et du numérique
Session 4 : « Circulations sur les plateformes numériques : carrefours de biens, d'acteurs et de valeurs »
Asmaa Martah : « Du mobile-banking à la modernité alternative ? Enquête sur le processus de plateformisation de la finance en Afrique et ses critiques »
Résumé :
Lors de cette communication, nous proposons de revenir sur le processus de plateformisation de la finance en Afrique à travers le cas du mobile-banking. Ce dispositif de finance numérique, affiché par les organismes de développement comme porteur d’inclusion financière dans les pays pauvres - où les taux de bancarisation sont très faibles - a été critiqué en lien avec les logiques néocoloniales qu’il perpétue et la marchandisation du développement dont il participe. L’objectif de notre proposition sera de porter le regard sur le rôle endogène joué par la critique dans la production et l’usage du mobile-banking. D’un côté, nous examinerons la réflexivité professionnelle, à partir d’un exemple de producteurs de ces plateformes, sur les spécificités économiques et culturelles de l’Afrique et la manière de s’y rapporter ; de l’autre, nous analyserons (à partir du cas sénégalais) les dynamiques collectives de rejet et d’adhésion à ces dispositifs et aux rôles sociaux que leur usage requiert. Cela nous permettra d’éclairer les conflits idéologiques dont ce dispositif est à la fois l’expression et le support, lesquels portent notamment sur la place que devrait occuper l’Afrique dans la modernité économique, et la possibilité qu’elle soit porteuse d’une modernité alternative.
11h-13h
Session croisée RT 11-RT 14 : « Plateformisation de la production et de la consommation artistique et culturelle ».
Noé Latreille de Fozières : « Maîtriser ce qui n’est pas maîtrisable : Les épreuves dans le travail marketing des professionnels des majors sur TikTok ».
Résumé :
La communication porte sur les tentatives de maîtrise des phénomènes de viralité sur TikTok par les professionnels du marketing numérique au sein d’une major musicale. Plus spécifiquement, la présentation s’attardera sur les épreuves que rencontrent ces professionnels, dont le travail consiste à maîtriser des phénomènes qui leur semblent difficilement maîtrisables. Trois modes de maîtrise — faciliter, générer et réagir — des phénomènes de viralité sur TikTok par les professionnels de la major seront présentés. Pour ces différents modes, la présentation mettra en évidence les dispositifs sociotechniques et les pratiques d’intéressement mis en œuvre par les professionnels, les difficultés pratiques qu’ils rencontrent, les procédés par lesquels ils en viennent eux-mêmes à objectiver les spécificités de TikTok, et les manières par lesquelles ils tentent d’adapter leurs pratiques marketing traditionnelles aux spécificités de la plateforme.
11h-13h
RT 22 : Parcours de vie et dynamiques sociales
Session 4 : « Parcours de formation/ engagement et écologie »
Virginia Nessi : « Les parcours de vie des travailleurs horticoles en Argentine »
Résumé :
Les parcours de vie des travailleurs horticoles en Argentine. L’horticulture, la production de légumes, joue un rôle central en Argentine car elle fournit des aliments et des produits frais au marché intérieur. En ce sens, compte tenu de la forte concentration de population urbaine dans le pays, cette production est généralement située aux abords des principales villes du pays, des espaces appelés ceintures vertes. Le rôle des travailleurs, l’organisation familiale, les stratégies de vie développées par les travailleurs, l’empreinte migrante des travailleurs et l’insertion précoce ont été largement étudiés dans le pays dans différentes régions. Ce travail cherche à comprendre comment sont les parcours de vie de ceux qui sont traversés par les dynamiques productives de l’horticulture dans un contexte de pluralisation des espaces de vie, à partir du cas du général Pueyrredón dans la province de Buenos Aires. À partir de l’étude des différents âges sociaux (enfance, jeunesse, âge adulte et vieillesse), on cherchera à comprendre de manière intégrale, en recherchant les liens et les interdépendances entre les différents âges sociaux à travers des liens inter et intragénérationnels pour la période d’étude. Quels sont les moments de vie dans la production horticole ? Quels liens générationnels sont tissés dans ce processus ? Ainsi, il est prévu d’étudier comment les différentes étapes du parcours horticole sont vécues par chaque âge social, de manière relationnelle afin de comprendre comment le processus social horticole est un mode de vie. Le travail est basé sur une stratégie qualitative à travers des entretiens approfondis semi-structurés menés avec des jeunes et des adultes issus de familles de travailleurs horticoles du Parti du Général Pueyrredón au cours des années 2018-2021, dans le cadre de la recherche doctorale. Il se concentrera à travers l’analyse des récits de vie dans le cadre d’une approche biographique, identifiant les interprétations des acteurs.
11h-13h
RT 37 : Sociologie des médias
Session 4 : « Actualité, représentativités et intersections des rapports sociaux »
Mischa Dekker : « Le féminisme dans les rédactions : Le harcèlement de rue et sa (non-)définition comme question de genre dans les média français et néerlandais »
Résumé :
Alors que les concepts de violence sexiste et de domination masculine étaient largement absents des reportages néerlandais sur le harcèlement de rue, les cadrages féministes ont dominé les articles de presse sur cette question en France. Cette communication cherche à expliquer pourquoi, lors de nos entretiens, la plupart des journalistes néerlandais.es ont déclaré que présenter ce problème comme une question « féministe » relèverait d’un journalisme trop « idéologique », tandis que leurs homologues français.es ont expliqué adopter un vocabulaire féministe pour dénoncer celles et ceux qui « minimisent » le problème. La communication dialogue ainsi avec les travaux qui analysent l’influence des récentes vagues de politisation des questions de genre sur les pratiques journalistiques.
JEUDI 6 JUILLET
9h-10h30
RT 39 : Identité – subjectivité – revendication – changement social
Session 5 : « Genre, couple, famille »
Auréliane Couppey : « Des colères violentes et des violences contrôlées : émotions et rationalité chez les hommes auteurs de violence au sein du couple »
Résumé :
Il s'agit au travers de cette communication d’étudier la place des émotions chez les hommes auteurs de violence, et la manière dont les émotions sont mobilisées pour expliquer l’utilisation de violence physique. La conjointe est accusée de provoquer des émotions, et plus spécifiquement de la colère, chez les enquêtés, qui feraient preuve de violence sous le coup de ces émotions. Émotions et violence masculine deviennent liées, au point que les enquêtés se placent en victimes de leur conjointe et de leur propre état émotionnel, dont le corollaire, la violence, leur échapperait. Ce modèle se trouve confronté à la thématique de la rationalité, centrale chez les enquêtés, qui ne veulent pas être perçu comme un auteur de violence qui n’aurait pas su se contrôler. La déresponsabilisation de la violence masculine semble trouver moins des limites que des contraintes de justification dans le rapport à la rationalité. Se dessine ici la facette émotionnelle de la subjectivité masculine, et la manière dont les enquêtés se réfléchissent en tant qu’hommes, avec des émotions et une rationalité d’homme, façonnées par des contraintes de genre, face à des femmes.
VENDREDI 7 JUILLET
14h30-16h30
RT 34 : Sociologie politique
Session 6 : « La sociologie politique doit-elle et peut-elle contribuer à décrypter la guerre en Ukraine ? »
Aleksandr Lutsenko : « L’autorité incontestée de Vladimir Poutine. La cohésion élitaire en Russie au moment de la guerre en Ukraine »
Résumé :
L'objectif de cette communication est d'explorer les mécanismes de la cohésion des élites en Russie au moment de la guerre en Ukraine en prenant l'exemple des élites économiques russes. En s’appuyant sur les entretiens menés avec des professionnels des médias russes et des communicants des magnats, la communication vise à montrer que l’expression de la loyauté envers le chef de l’Etat se présente comme un instrument de la gestion des rapports intra-élitaires permettant aux membres des élites économiques de maintenir leurs positions au sein des réseaux de pouvoir informels.