Germinal
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Germinal

#3 – La politique des classes populaires

Direction d'ouvrage

Numéro dirigé par Marion Fontaine (Sciences-Po Paris) et Cyril Lemieux (LIER-FYT/EHESS).

Lien(s) externe(s) Éditions LE BORD DE L'EAU
ISBN 13 9782356878137

Deux questions se présentent au seuil de ce numéro de Germinal. La première est celle de savoir pourquoi, dans le moment historique qui est le nôtre, il nous est apparu urgent de nous interroger sur les rapports entre la politique, telle qu’elle s’élabore en particulier au sein des partis, et les classes populaires. A cette première interrogation, nous répondons que la gauche ne pourra se réinventer qu’à condition de ne plus contourner, comme elle en a pris l’habitude ces dernières décennies, le défi que représente l’intégration politique des classes populaires.

Car ce contournement, où se mêlent gêne, velléités et impuissance, s’est payé pour elle d’un terrible prix. Il n’est pas exagéré, même, de dire qu’il est la cause de ses déboires actuels : d’une part, il a conduit à arrimer les partis de gauche aux aspirations des seules classes moyennes, en les coupant culturellement des moins diplômés et des moins fortunés de nos concitoyens ; d’autre part, et peut-être surtout, il les a portés à croire qu’il leur était possible de faire l’économie d’une théorie de l’émancipation de la société. Ils ont oublié par-là que l’émancipation ne saurait s’envisager au plan de l’individu seul, sans quoi les droits attachés à ce dernier risquent de demeurer formels. Elle ne peut pas être pensée non plus au niveau d’une seule composante de la société (quelle qu’elle soit), sans quoi c’est la différence et la solidarité objectives entre les différentes composantes qui restent inaperçues. Ainsi – et le geste fondateur des socialismes, au sens le plus général du terme, reste sur ce point de la plus haute actualité –, c’est seulement en considérant la société dans son ensemble et en faisant l’effort d’analyser ses interdépendances tant internes qu’externes, que l’émancipation peut prendre pour chacune et chacun d’entre nous un sens réel.

Dès lors que ce constat est fait, une seconde question point : pourquoi, si l’on tient à repenser l’avenir de la gauche à partir de son lien avec les classes populaires, faudrait-il s’embarrasser d’une notion sociologique, celle de « classe », quand l’invocation d’un concept politique, celui de « peuple », pourrait sembler suffire ? C’est ici une seconde conviction que nous affirmons : celle que, bien davantage que la philosophie critique qui est devenue aujourd’hui à l’extrême-gauche la référence exclusive, les sciences sociales peuvent apporter les outils intellectuels indispensables pour repolitiser vraiment, et vraiment à gauche, la question des classes populaires et pour, à travers cette repolitisation, ré-énoncer une théorie de l’émancipation de la société.

 

Avec, pour le LIER-FYT, les contributions de Noémi Casati, Milo Levy-Bruhl, Bruno Karsenti, Julia Christ et Cyril Lemieux.

ainsi que, appartenant à d'autres centres de recherche, celles de Camille Peugny, Steve Kaplan, Tristan Poullaouec, Nonna Mayer, Bastien Cabot, Beatriz Fernandez, Achille Warnant, Amélie Beaumont, Guillaume Lejeune, Jérome Pelisse,  Gilles Candar,  Amory Gethin, Clara Martínez-Toledano, Thomas Piketty, Frédéric Sawicki, Jean-Yves Dormagen, Pierre Merle, Jean-Michel Denis, Nicolas Leron et Marion Fontaine.

 

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