Comptes rendus des séminaires - Michel de Fornel

2018-2019

Geste co-verbal, langues de signes et socialité

Michel de Fornel (LIER-FYT)

Présentation :

Le séminaire poursuivra la réflexion engagée l’année précédente sur la gestualité et la multimodalité, à partir de l’examen de plusieurs corpus de données interactionnelles constitués lors d’enquêtes récentes. On procédera en particulier à un examen comparatif systématique de la grammaire des gestes co-verbaux et de l’organisation des diverses configurations iconiques propres aux langues des signes. Cet examen aura aussi pour objectif de clarifier les enjeux épistémologiques et théoriques liés à une approche énactive du langage et du discours multimodal.

Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Francis Zimmermann (LIER-FYT)
Maud Verdier (Université Paul Valéry Montpellier 3)

Compte rendu :

Nous avons pris cette année pour thème la Répétition comme performance. Non pas le travail d’un soliste préparant son prochain concert, mais la Répétition collective impliquant un travail d’équipe pour monter un spectacle, au théâtre, en musique (orchestre et musique de chambre), et dans la littérature orale (où le chanteur s’inscrit dans une tradition collective). Avant de présenter nos recherches en cours, nous avons ouvert l’année sur la lecture de textes classiques de Erving Goffman, des sémioticiens de l’École de Prague, d’Alfred Schütz sur la musique et des folkloristes comme James Foley qui ont renouvelé l’étude des épopées et de l’art des singers of tales. Au second semestre, Maud Verdier, poursuivant une enquête ethnographique de plusieurs années sur les comédiens au travail au sein de la troupe de La Bulle Bleue, a étudié les répétitions et les consignes du metteur en scène d’une pièce de théâtre créée à Montpellier en janvier 2019. Francis Zimmermann, poursuivant ses recherches sur la place centrale de la voix et de l’oralité dans la littérature romanesque en malayalam, a repris la question des histoires à mille et un épisodes et des arcs narratifs qui structurent les romans épiques. En fin d’année il esquissait l’analyse d’un genre d’écriture littéraire en forme de performance rhapsodique chez Walter Benjamin dans la dernière période de son œuvre, les années 1930-1940 consacrées à l’écriture de Passages, son chef-d’œuvre posthume, une écriture « rhapsodique » (formule reprise d’un livre de Rafaëlle Jolivet Pignon) équivalant aux performances « continuées » que nous avions repérées au théâtre et dans la récitation épique. Enfin Michel de Fornel, s’interrogeant sur ce que signifie Faire de la musique contemporaine ensemble, entamait la présentation d’une recherche en cours, qui sera reprise l’an prochain, sur la répétition comme performance, à partir d’observations recueillies auprès de plusieurs ensembles de musique contemporaine.

Anthropologie des actes de parole : performativité, affectivité et politique

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Paul Codjia (LAS)
Maria Khachaturyan (Université d'Helsinki)

Présentation :

La fonction performative du langage est un thème de recherche désormais classique pour la philosophie du langage d’Austin mais également pour les linguistes et les anthropologues. Les premières séances du séminaire seront consacrés à l’étude des rapports souvent contradictoires entre la théorie des performatifs en philosophie du langage et l’anthropologie de la parole rituelle. Il sera pour cela nécessaire de faire la généalogie des questionnements liés à la « parole efficace », et notamment le problème des conditions de l’action des sacrements posé dans les écrits scolastiques du Moyen Âge). Dans un deuxième temps, nos montrerons, à travers l’analyse de plusieurs exemples ethnographiques, le rôle que joue le contexte dans l’efficacité des actes de parole.

Atelier d’analyse conversationnelle

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Vincenzo Raimondi (UTC Compiègne)

Présentation :

L’analyse conversationnelle d’inspiration ethnométhodologique étudie l’organisation séquentielle de la conversation, en s‘appuyant sur l’enregistrement audiovisuel d’interactions ordinaires et institutionnelles en contexte ethnographique.  L’atelier traitera de divers problèmes analytiques liés à la transcription, à la description et à l’analyse de données conversationnelles. On s’intéressera en particulier à la question des systèmes de transcription, ainsi qu’aux propriétés de la grammaire de l’oral que ces données permettent de mettre au jour.

2019-2020

Analyser l’activité « telle qu’elle se fait » : les bases conceptuelles et méthodologiques de l’enquête vidéo-ethnographique (interactionnisme, ethnométhodologie, analyse de conversation)

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Christiant Licoppe (Télécom Paris)

Présentation :

Le séminaire vise à développer une base théorique et méthodologique sur l’analyse de « l’activité telle qu’elle se fait ». L’orientation en est donc fortement ethnographique qui complète certaines réflexions actuelles sur l’anthropologie visuelle : il s’agit ici plus spécifiquement d’exploiter les données vidéo comme ressource pour analyser l’organisation des activités humaines d’un point de vue endogène à leur production.

Sur le plan théorique, il s’agira de mettre en place les concepts centraux de l’interactionnisme Goffmanien (en particulier la notion de cadre de l’activité), de l’ethnométhodologie (en particulier les notions de réflexivité, « accountability », indexicalité, de « breaching experiments » et d’action instruite) et de l’analyse de conversation (systémes d’allocation des tours de parole, paires adjacentes, préférences et pré-séquences, interactions ordinaires et interactions institutionnelles, catégorisation, etc.), et de les combiner pour appréhender la dimension multimodale de l’interaction humaine que rend accessible la vidéo. Sur le plan empirique il s’agira de comprendre d’une part comment produire des enregistrements audio et vidéo d’activités humaines « advenant naturellement » (« naturally occurring data »), comment les transcrire (en exploitant dans le cas de la vidéo des ressources logicielles spécifiques), et comment y identifier des phénomènes interactionnels pertinents pour les participants eux-mêmes, et d’autre part de donner aux étudiants des ressources pour maîtriser les formes de technicité inhérentes à ce genre de recherches.

Au niveau de la sélection des cas concrets, on s’intéressera à des situations d’interaction dans des environnements riches en artefacts et medias variés, pour comprendre comment interagissent et se coordonnent les personnes dans ces écologies informationnelles complexes qui font en particulier peser des contraintes spécifiques sur ce qui est visuellement accessible aux participants. La formation présente donc également un intérêt pour des étudiants qui souhaitent comprendre certaines orientations actuelles dans le développement des technologies d’information et de communication.

La formation alternera théorie et études de cas empiriques. Elle est ouverte à des étudiants de niveau master (M1 et M2) et à des doctorants, issus de différentes disciplines (en particulier sociologie, anthropologie, sciences du langage, ergonomie, sciences de l’information et de la communication).

Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Francis Zimmermann (LIER-FYT)
Maud Verdier (Université Montpellier 3)

Présentation :

Linguistes et anthropologues, nous étudierons ensemble la langue et ses usages dans différents contextes ethnographiques et les interactions conversationnelles dans différents cadres de participation aux actes de parole. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions intéressant l'anthropologie, la linguistique et la sociolinguistique. Questions classiques comme : les arts de la parole et le théâtre,  l'ethnopoétique, oralité et performance, la narrativité, musique et langage. Ou plus récentes : la multimodalité, l'empathie et la syntonie.

Assertion et performativité

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Bruno Ambroise (Centre Prospéro)
Philippe Büttgen (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Présentation :

Le séminaire interrogera la dimension performative de l'assertion à partir d'exemples concrets. Reprenant les débats classiques en philosophie du langage et en pragmatique, il mobilisera aussi les ressources de l'anthropologie linguistique et de l'histoire pour analyser les aspects pragmatiques et conversationnels, souvent ignorés, de cas précis d'assertions, ou d'actes de parole de la même famille. On étudiera ainsi les configurations socio-historiques et anthropologiques déterminant la structure d'énoncés comme la profession de foi ou l'aveu, afin de souligner la complexité de ces actes de parole et d'interroger les modèles traditionnels de l'assertion en termes de règles constitutives ou normatives, qui sur-déterminent une bonne partie des débats en linguistique et en philosophie du langage.

Atelier d’analyse conversationnelle

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Vincenzo Raimondi (UTC Compiègne)

Présentation :

L’atelier traitera de divers problèmes analytiques liés à la transcription, à la description et à l’analyse de données conversationnelles. On s’intéressera en particulier à la question de la description et de l'analyse multimodale dans le domaine des pratiques artistiques.

2020-2021

Analyser l’activité « telle qu’elle se fait » : les bases conceptuelles et méthodologiques de l’enquête vidéo-ethnographique (interactionnisme, ethnométhodologie, analyse de conversation)

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Christiant Licoppe (Télécom Paris)

Présentation :

Le séminaire vise à développer une base théorique et méthodologique sur l’analyse de « l’activité telle qu’elle se fait ». L’orientation en est donc fortement ethnographique qui complète certaines réflexions actuelles sur l’anthropologie visuelle : il s’agit ici plus spécifiquement d’exploiter les données vidéo comme ressource pour analyser l’organisation des activités humaines d’un point de vue endogène à leur production.

Sur le plan théorique, il s’agira de mettre en place les concepts centraux de l’interactionnisme Goffmanien (en particulier la notion de cadre de l’activité), de l’ethnométhodologie (en particulier les notions de réflexivité, « accountability », indexicalité, de « breaching experiments » et d’action instruite) et de l’analyse de conversation (systémes d’allocation des tours de parole, paires adjacentes, préférences et pré-séquences, interactions ordinaires et interactions institutionnelles, catégorisation, etc.), et de les combiner pour appréhender la dimension multimodale de l’interaction humaine que rend accessible la vidéo. Sur le plan empirique il s’agira de comprendre d’une part comment produire des enregistrements audio et vidéo d’activités humaines « advenant naturellement » (« naturally occurring data »), comment les transcrire (en exploitant dans le cas de la vidéo des ressources logicielles spécifiques), et comment y identifier des phénomènes interactionnels pertinents pour les participants eux-mêmes, et d’autre part de donner aux étudiants des ressources pour maîtriser les formes de technicité inhérentes à ce genre de recherches.

Au niveau de la sélection des cas concrets, on s’intéressera à des situations d’interaction dans des environnements riches en artefacts et medias variés, pour comprendre comment interagissent et se coordonnent les personnes dans ces écologies informationnelles complexes qui font en particulier peser des contraintes spécifiques sur ce qui est visuellement accessible aux participants. La formation présente donc également un intérêt pour des étudiants qui souhaitent comprendre certaines orientations actuelles dans le développement des technologies d’information et de communication.

La formation alternera théorie et études de cas empiriques. Elle est ouverte à des étudiants de niveau master (M1 et M2) et à des doctorants, issus de différentes disciplines (en particulier sociologie, anthropologie, sciences du langage, ergonomie, sciences de l’information et de la communication).

Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Francis Zimmermann (LIER-FYT)
Maud Verdier (Université Paul Valéry Montpellier 3)

Compte rendu :

La problématique d’ensemble des séminaires de cette année, croisant l’anthropologie, la sociolinguistique et la philosophie en alternant formes brèves (le récit d’une expérience personnelle) et grandes formes (une œuvre littéraire), faisait converger les recherches actuelles sur le récit et particulièrement les récits d’expérience personnelle, les répétitions au théâtre, en particulier dans « l’écriture de plateau », et leur équivalent dans la composition rhapsodique d’œuvres littéraires transgressant les frontières entre l’écrit et l’oral, la fiction et la réalité. Nos présentations se sont entrecroisées au fil du temps, mais nous les classons ci-après par intervenant pour la clarté du compte rendu.

Michel de Fornel a ouvert l’enquête en partant du débat classique entre William Labov (Labov and Waletsky, Narrative Analysis, 1967) et Emanuel Schegloff (« Narrative Analysis » Thirty Years Later, 1997) sur l’analyse du récit. Il a présenté ensuite une recherche en cours sur le retelling de récits de la Shoah, la réitération de récits devant des publics différents et à des époques différentes, par des rescapés des camps d’extermination nazis. L’étude de certaines modifications narratives entre les versions permet d’approfondir les relations entre performance et mode d’attestation d’une expérience traumatisante, entre positioning et construction d’une mémoire collective. Au second semestre, poursuivant la réflexion sur le récit d’expérience personnelle en s’intéressant à des formes textuelles (journal intime, chronique) qui semblent mettre à mal les critères habituels de la narrativité, Michel de Fornel a présenté une autre de ses enquêtes en cours sur Le carnet des jours de guerre d’Auguste Long, journal personnel d’un poilu de la Grande Guerre.

Francis Zimmermann s’est intéressé aux écrivains pratiquant l’écriture rhapsodique. Dans les arts du spectacle, nous avons étudié depuis quelques années dans ce séminaire les reprises successives par lesquelles on monte une représentation théâtrale au cours d’une série de répétitions. Chaque répétition est déjà à elle seule une version à part entière du spectacle. Le spectacle en préparation est le point de fuite de la série des répétitions. Il est immanent à chacune des répétitions, il est tout entier dans chacune des répétitions. L’écriture rhapsodique produit en littérature l’équivalent de ces performances continuées que nous avons repérées au théâtre. Un roman composé de façon rhapsodique prend la forme d’une installation au sens du mot dans les arts plastiques : un agencement d’objets et d’éléments indépendants les uns des autres mais constituant un tout. Notre premier exemple fut pris chez Olga Tokarczuk dans son roman Les Pérégrins [2007] (traduction française, 2010), un roman faussement décousu, fondé sur la répétition d’un pérégrin à l’autre d’expériences vécues, faussement hétéroclites et en réalité homothétiques les unes des autres. Mais nous avons surtout repris dans cette perspective l’étude déjà amorcée l’an dernier de l’œuvre de Walter Benjamin. La problématique de la répétition est au cœur du célèbre essai, La Tâche du traducteur, que Benjamin publia en préambule à sa traduction allemande des Tableaux parisiens de Baudelaire qui fut comme une première répétition dans la gestation du Livre des passages.

Maud Verdier a consacré plusieurs séances du séminaire à l’analyse détaillée de récits de soi que produisent les comédiens de la Compagnie théâtrale de La Bulle Bleue à Montpellier qu’elle observe depuis plusieurs années. Dans cet ESAT artistique, qui permet à des personnes en situation de handicap mental ou psychique d’accéder à une activité professionnelle, les comédiens sont amenés à mobiliser non seulement leurs ressources physiques et techniques en tant que comédiens, mais aussi ce qu’ils sont en tant que personnes. Beaucoup de metteurs en scène s’appuient sur le matériau biographique, dans l’idée que s’y attache le sceau d’une authenticité. Les récits d’expériences personnelles sont utilisés dans l’écriture de plateau. L’improvisation est centrale dans les productions de la Bulle Bleue, d’autant que certains comédiens en situation de handicap ne peuvent pas apprendre leur texte par cœur. Le travail d’improvisation part d’événements réels survenant sur le plateau et de récits de vie, qui sont accueillis comme des propositions de jeu. Si ces propositions de jeu sont retenues, elles seront progressivement fixées au cours des répétitions successives. L’écriture de plateau, en intégrant ces propositions de jeu au texte de la pièce, modifie la question de savoir qui est l’auteur. Dès que metteur en scène et comédiens inventent leur propre partition textuelle, l’instance auctoriale est bouleversée. Tous participent du statut d’auteur de la pièce. Maud Verdier a souligné la double dimension rhapsodique du texte de la pièce : au niveau de l’écriture de plateau (le metteur en scène est un rhapsode, il collectionne citations, témoignages d’acteurs, etc., tout un matériau hétérogène), et au niveau des récits, qui sont par nature décousus. Le travail scénique et l’improvisation construisent au fil des répétitions un assemblage complexe de récits d’expérience personnelle, de textes de théâtre, d’inscriptions sur le corps.

Nous avons eu le plaisir d’écouter pour conclure l’année, Émilie Arrago-Boruah qui s’est intéressée à ce qui restait de l’oral à l’écrit lorsqu’elle comparait les versions orales recueillies sur le terrain aux versions écrites d’un corpus de contes assamais. Parmi les conteurs qui ont couché leurs récits par écrit, disait Walter Benjamin, « les plus grands sont ceux dont le texte s’éloigne le moins de la parole des innombrables conteurs anonymes » (Le conteur, Œuvres III, folio, p. 116). Depuis quelques années dans le nord-est de l’Inde, en Assam, quelques feuillets circulent au sein d’une communauté de parole spécifique où Emile Arrago enregistre depuis 2005 de nombreux arts de la parole. Publiés en nombre limité d’exemplaires, deux de ces feuillets reproduisent un corpus de sept contes racontés à l’occasion d’un rituel féminin chaque année. Ces deux feuillets n’ont pas été écrits par la même personne, l’une d’elles est une conteuse vivant au sein de cette communauté de parole, l’autre un universitaire local. Quant à leur utilisation, ils servent à présent de texte de répétition ou de mémorisation avant leur performance qui s’oppose au texte figé par l’écriture. Dans la comparaison minutieuse des différentes versions écrites et orales, prenant en compte les différents contextes d’énonciation, Émilie Arrago reprenait dans une culture éloignée de la nôtre la problématique du retelling développée en début d’année par Michel de Fornel sur les récits de la Shoah.

Assertion et performativité

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Bruno Ambroise (Centre Prospéro)
Philippe Büttgen (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Compte rendu :

Le séminaire a poursuivi la réflexion initiée l’année précédente sur la dimension performative de l’assertion. Après avoir rappelé qu’une conception pragmatique de l’assertion est déjà en germe chez Frege, et qu’elle est développée de façon radicale par Austin, Bruno Ambroise s’est intéressé à l’affaiblissement progressif de cette conception dans la philosophie du langage post-austinienne. C’est en introduisant une explication intentionnaliste inspirée de Grice que Strawson, puis Searle ont cherché à remettre en cause l’approche austinienne en termes d’engagement quant à la vérité de ce qu’on dit. Michel de Fornel a ensuite exploré les similitudes et les différences entre la classification des actes de langage d’Austin et celle de Searle. Pour le premier, tous les actes, y compris les assertions, comportent une dimension institutionnelle. Il a montré les difficultés que rencontre Searle en tentant d’isoler une classe d’acte, les déclaratifs, qui posséderait seule une telle dimension, et qui le conduit à réintroduire un point de vue représentationnel (au travers de la notion de direction d’ajustement) pour justifier l’existence d’une classe des assertifs.

La lecture attentive de deux auteurs a été ensuite privilégiée. Bruno Ambroise et Michel de Fornel ont présenté et discuté les propositions de Richard Moran sur l’assertion comme acte social de l’esprit. Ils se sont en particulier interrogés sur l’importance accordée à la normativité relationnelle pour définir l’assertion et sur le rôle que fait jouer l’auteur à la condition de sincérité et à l’engagement épistémique du locuteur. Pierre-Henri Castel (LIER-FYT) est venu présenter la perspective expressiviste de Robert Brandom dans Making It Explicit et dans ses ouvrages ultérieurs. Cet expressivisme que Brandom qualifie de « rationaliste » s’incarne dans un modèle associant de façon originale une sémantique inférentialiste et une pragmatique normative. Son intervention a été l’occasion d’une discussion de l’analyse de l’assertion en termes de score déontique. Michel de Fornel s’est en particulier attaché à montrer l’existence d’une convergence possible entre l’approche normative et l’approche performative, à partir de l’examen d’une pratique linguistique privilégiée par Brandom, l’offre et la demande de raisons.

Une seconde séquence du séminaire a mobilisé les ressources de la philosophie des religions et de l’histoire pour analyser les aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d’actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du traitement standard de l’assertion. Philippe Büttgen a ainsi consacré plusieurs séances à présenter ses recherches sur la politique de l’assertion, à partir d’une analyse du statement en philosophie. Il s’est en particulier intéressé à la production de manifestes philosophiques (comme ceux de Balibar et Derrida) depuis une trentaine d’années. Ses séances ont permis de préciser les rapports entre performatif et déclaration de qui professe, et d’explorer la question de la force illocutoire dans l’acte de profession de foi, et son rapport à la promesse.

Enfin, une dernière séquence a porté sur plusieurs enquêtes en anthropologie linguistique qui ont décrit les conséquences sociales de l’introduction de la confession auriculaire ou de la confession publique dans des sociétés (en particulier océaniennes) qui mettent en œuvre une doctrine de l’« opacité de l’esprit » dans leurs échanges quotidiens. La discussion par Michel de Fornel de ces terrains océaniens et des conséquences qui en résultent pour une pragmatique du « dire-vrai » a été l’occasion d’une comparaison instructive avec l’étude de l’aveu des péchés dans les premiers siècles chrétiens, présente dans l’ouvrage récemment publié de Foucault, Les aveux de la chair.

Atelier d’analyse conversationnelle

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Vincenzo Raimondi (UTC Compiègne)

Compte rendu :

Michel de Fornel et Vincenzo Raimondi ont consacré les premières séances de l’Atelier à préciser les enjeux théoriques et empiriques de l’analyse de conversation d’orientation ethnométhodologique. Ont été évoquées les questions de transcription, de description et d’analyse de corpus audiovisuels constitués de données conversationnelles attestées. Pour les séances suivantes, on a adopté le format des « data sessions », celles-ci étant nourries par les travaux en cours de doctorants. Elles ont porté sur des thèmes très variés, mais qui comportaient toujours un problème d’interprétation des composantes verbales et non verbales d’une séquence interactionnelle. Arsène Caens a ainsi proposé une analyse des dimensions pragmatiques des pauses dans la vocalité poétique. Les extraits qu’il a présentés portaient sur la lecture publique de poèmes, réalisée par les poètes eux-mêmes. On s’est en particulier intéressé à leur première « mise en voix » en public. La discussion a porté sur les conditions d’une analyse adéquate des pauses et d’autres caractéristiques de l’énonciation orale, notamment en lien avec l’articulation des unités constitutives du poème (vers, strophe, etc.). Théo Gorin a présenté des données enregistrées lors d’un « atelier théâtral d’improvisation », et comportant des séquences où l’on « apprend à improviser ». En particulier, nous nous sommes penchés sur la phase de l’évaluation, lorsque le praticien le plus expert rejoue des scènes à des fins instructives et de reprise, tout en continuant à discuter avec les apprenants. Avec Giovanni Carletti, nous avons analysé des extraits de conversations à bâtons rompus entre patients Alzheimer. Se posait de manière centrale la question de la progression thématique et du renvoi anaphorique, en lien avec les stratégies mises en place par les participants tout au long de l’échange. En nous appuyant sur des extraits audiovisuels enregistrés par Florian Houssais lors de la réunion hebdomadaire d’un laboratoire de cosmologie, et en particulier sur une séquence portant sur l’interprétation de données physiques enregistrées par un dispositif technique, nous avons étudié la traduction multimodale de la deixis temporelle dans ses différentes déclinaisons. Enfin Manuel Houssais a présenté des données portant sur les évaluations et les bilans dans une école d’art. La discussion a porté sur l’organisation de l’échange étudiant-enseignant lors des séances de suivi de projet, en particulier sur la structure conversationnelle des différentes phases (récit de projet, questionnement, évaluation et reprise éventuelle).

2021-2022

Analyser l’activité « telle qu’elle se fait » : les bases conceptuelles et méthodologiques de l’enquête vidéo-ethnographique (interactionnisme, ethnométhodologie, analyse de conversation)

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Christiant Licoppe (Télécom Paris)

Compte rendu :

Le séminaire de formation, donné cette année en présentiel, visait à développer une base théorique et méthodologique sur l’analyse de « l’activité telle qu’elle se fait ». Il  a été suivi de manière régulière par une quinzaine d’étudiants pour la plupart issus des masters de l’EHESS, et qui se sont montrés intéressés et participatifs. La formation, qui combine enseignement, recherche et pratique (il a été demandé aux participants de contribuer une « vidéoethnographie » à partir de leurs terrains) a systématiquement alterné théorie et études de cas empiriques, basées sur des enregistrements vidéo. Elle a fourni une présentation systématique et une remise en perspective actuelle de l’analyse des interactions, depuis l’analyse des interactions en public de Goffman jusqu’aux notions centrales de l’analyse de conversation et de l’ethnomethodologie. Ceci met les participants en situation de mettre en œuvre ce type de regard ethnographique et de méthodes sur leurs propres terrains.

Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Francis Zimmermann (LIER-FYT)
Maud Verdier (Université Montpellier 3)

Compte rendu :

Faisant suite à nos séminaires précédents sur la narrativité, nous avons abordé cette année, à partir de lectures de Mikhaïl Bakhtine, la problématique des chronotopes, c’est-à-dire de l’inscription du récit dans l’espace et dans le temps. Les premières séances furent consacrées à l’examen de la réappropriation de ce concept par l’anthropologie linguistique pour décrire l’inscription des événements de parole et des performances qui s’y déploient au sein de cadres spatio-temporels différenciés, et pour appréhender les jeux d’échelles liés aux dynamiques de recontextualisation.

Plusieurs séances furent consacrées aux textes de Bakhtine datant de 1936–1941, publiés vingt ans plus tard dans Esthétique et théorie du roman et dans son livre sur Rabelais. Michel de Fornel analysa le chronotope des romans grecs, « un temps d’aventures dans des lieux lointains » comme le définit Bakhtine, chronotope encore pauvre et abstrait, simple matrice que rempliront les romanciers modernes à partir de Rabelais en y ajoutant des valeurs sociales et des dimensions biologiques et matérielles qui plongeront le lecteur dans des mondes spatio-temporels aussi concrets qu’insolites.

Nous nous sommes intéressés ensuite à la conception chez Bakhtine d’un autre genre, le théâtre, en analysant les multiples remarques disséminées dans ses textes et sans oublier qu’ils furent écrits à une époque où la pratique théâtrale se transformait profondément. Quand Bakhtine oppose le roman au drame, les mots drame et dramatique (le dialogue dramatique) désignent le drame bourgeois et le théâtre naturaliste (dénoncés par Mallarmé dès les années 1860), des formes théâtrales fondées sur une théorie de la représentation, déployant une perspective représentationnelle et se conformant à la règle classique des trois unités. Or chez Bakhtine le triangle temps-espace-héros en action est la structure de base d’un chronotope. Le héros de l’histoire qui est racontée est en action ici et maintenant, à un instant et dans un lieu bien concrets. « Il s’agit du lien singulier de l’homme et de toutes ses actions et péripéties dans le monde spatio-temporel » (Esthétique et théorie du roman, p. 313). Ce n’est autre que le chronotope du théâtre classique en Europe : unité de lieu, de temps et d’action. Dans son Dostoïevski (1929) où n’apparaît pas encore le concept de chronotope (forgé dans les années 1936–1941), l’idée est en filigrane dans les pages où Bakhtine étudie les « points » où se produit la crise. Par exemple dans le rêve où Raskolnikov monte un escalier menant en haut d’une tour d’où il aperçoit, en bas, le peuple qui grouille sur la place publique. Ces  « points » où se déroule l’action sont les chronotopes (au pluriel) propres à Dostoïevski, c’est-à-dire les lieux et temps privilégiés dans lesquels viennent s’incarner les multiples voix entrelacées dans ses romans (par exemple les chronotopes de l’escalier, du seuil, de l’entrée, du palier), tandis qu’il en écartait d’autres (comme l’espace intérieur des maisons qui était le lieu de l’action dans le drame bourgeois et le théâtre naturaliste).

Dans la dernière phase de l’année nous avons complété cette première approche du concept de chronotope par la présentation de recherches personnelles. Francis Zimmermann, étudiant les productions scéniques de pièces de théâtre en sanskrit dans l’Inde contemporaine, analysa quelques chronotopes spécifiques du théâtre indien sur des exemples pris dans le Aṅgulīyāṅkam (L’Acte de l’Anneau), un chef d’œuvre du Kūṭiyāṭṭam au Kerala. Maud Verdier, poursuivant la recherche initiée l’an dernier sur l’identité personnelle et s’appuyant sur William Labov et son approche des récits d’expérience personnelle, analysa des récits de vocation chez les comédiens pour en faire ressortir les caractéristiques chronotopiques. Le corpus est constitué d’entretiens radiophoniques de comédiens de théâtre professionnels. Invités à revenir sur leur parcours, les comédiens expliquent la manière dont est né le désir de faire du théâtre. Michel de Fornel a présenté son enquête sur les joutes poétiques improvisées et a fait apparaître le rôle central de plusieurs chronotopes dans les performances.

Performatif et vérité : témoignage, aveu, confession

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Bruno Ambroise (Centre Prospéro)
Philippe Büttgen (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Compte rendu :

Le séminaire a poursuivi dans une double direction la réflexion initiée l’année précédente sur la dimension performative de l'assertion. Reprenant les débats classiques et contemporains en philosophie du langage et en pragmatique, on a montré dans un premier temps les apories de la théorie standard de l’assertion. On a cherché ensuite à préciser les contours d’une théorie contextuelle et sociale de l’assertion permettant une réappropriation du concept de performatif. Michel de Fornel a en particulier procédé à un examen critique de la place de l’assertion dans le modèle d’orientation pragmatiste des actes de parole développé par M. Lance et R. Kukla dans Yo ! and Lo ! : The Pragmatic Topography of The Space of Reasons. L'intérêt de ce modèle tient à ce qu'il propose une classification des actes de parole centrée sur la structure d’interpellation propre à chaque classe d’acte et qu'il permet de qualifier de façon plus précise que Brandom ou Moran le statut interlocutoire d’un acte assertif.

Le cadre de notre réflexion étant posé, nous avons précisé le rôle que peuvent jouer l'anthropologie linguistique, la philosophie des religions et l'histoire dans la comparaison et l’analyse des aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d'actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du seul traitement de l'assertion dans sa dimension générique. Plusieurs séances ont été ainsi consacrées à l’examen d’un premier type d’acte assertif, le témoignage. Selon un point de vue (développé en particulier par A. Coady), le témoignage dans nos pratiques ordinaires doit être analysé dans son rapport au témoignage juridique, dont il constitue une variante moins formelle. On peut opposer à ce point de vue une vision qui cherche au contraire à montrer le caractère secondaire du témoignage juridique en raison de l’existence d’un formatage, que l’on peut spécifier sur le plan interactionnel, destiné à permettre une distanciation avec l’expérience vécue. Élise Marrou nous a présenté son analyse des conditions permettant à un tel acte d’être une source d’autorité épistémique. Bruno Ambroise a comparé la perspective de A. Coady – le témoignage comme acte de parole consistant à transmettre de l’information et valant comme preuve (evidence) – et celles de J. L. Austin et de R. Moran, centrées en priorité sur les conditions du témoignage comme acte intersubjectif engageant la reconnaissance par l’interlocuteur de l’engagement du locuteur. La présentation de Marion Vorms a permis d’aborder le problème du témoignage comme source épistémique et a conduit à s’interroger sur les propriétés contextuelles d’un témoignage crédible. Notre réflexion a aussi inclus la dimension juridique avec l’intervention de Pierre-Yves Quiviger.

Dans la seconde phase de l’année, le séminaire a prolongé l’enquête menée l’année précédente du dispositif de la confession. Philippe Büttgen a consacré plusieurs séances aux trois confessions de Saint Augustin. À partir d’une discussion critique des lectures des Confessions proposées par Derrida, Lyotard et Marion, il a fait apparaître l’importance que revêt la dimension formulaire dans la perspective d’une philosophie de la religion. Ouvrant un dialogue critique avec l’anthropologie de la religion, il a esquissé une analyse nouvelle de l’assertion confessante, et défini ce qui la distingue de l’énoncé dogmatique. Michel de Fornel a clos l’année avec plusieurs séances consacrées aux incantations. Après avoir rappelé que c’est à partir de son enquête sur les incantations que Malinowski a formulé son modèle pragmatique du langage, il a examiné la tentative de Tambiah de le reformuler en termes austiniens, ainsi que les critiques qu’elle a soulevées. Il a ensuite montré, à partir d’un corpus d’incantations cherokee, que les incantations peuvent utiliser, à côté des formes impératives ou injonctives, des énoncés déclaratifs dont il a analysé le statut de performatif. La séance finale a été consacrée à une discussion avec Irène Rosier de l’analyse des formules incantatoires par les théologiens du Moyen Âge.

Atelier d’analyse conversationnelle

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Vincenzo Raimondi (UTC Compiègne)
Alexandra Ortiz Caria (LIER-FYT)

Compte rendu :

Plusieurs séances consacrées à la discussion critique de travaux récents en Analyse de conversation ont porté sur les problèmes de transcription. Nous avons traité de deux problèmes qui n’ont été que partiellement abordés par les analystes de conversation : quel mode d’articulation faut-il envisager entre la source enregistrée et la transcription ? Faut-il œuvrer par une standardisation générale des procédures de transcription et une homogénéisation des analyses produites ? On a soutenu qu’il est important de développer des pratiques de transcription diversifiées, liées aux intérêts des chercheurs.

L’Atelier s’est concentré sur la composante conversationnelle des recherches doctorales achevées ou en voie d’achèvement. Manuel Houssais a présenté des extraits vidéo de son corpus portant sur les interactions entre enseignants et étudiants dans les Écoles supérieures d’art, et en particulier sur les phénomènes séquentiels liés à la présentation et à l’évaluation de projets lors des bilans semestriels. L’intervention de Jean-Emmanuel Barbier a concerné les modalités d'engagement interactionnel dans les « Soirées Jeux ». On a en particulier discuté de divers aspects méthodologiques liés à l’enregistrement, la transcription et l’analyse de données interactionnelles impliquant un nombre important de joueurs et de spectateurs autour des tables de jeu. Dimitra Giannokou nous a présenté les principaux résultats de sa thèse sur les métaphores conceptuelles temporelles dans la fiction cinématographique, en s'appuyant sur divers extraits de film. Enfin, Florian Houssais a montré des extraits de données issues de deux terrains. Les enregistrement ont été réalisés lors d’une réunion entre les membres d’un laboratoire de cosmologie et lors d’une réunion entre les membres d’un laboratoire de sociologie. Deux questions ont été explorées, celle de l’asymétrie épistémique et celle de la métaphore scientifique.

2022-2023

Analyser l’activité « telle qu’elle se fait » : les bases conceptuelles et méthodologiques de l’enquête vidéo-ethnographique (interactionnisme, ethnométhodologie, analyse de conversation)

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Christiant Licoppe (Télécom Paris)

Présentation :

Le séminaire vise à développer une base théorique et méthodologique sur l’analyse de  « l’activité telle qu’elle se fait ». L’orientation en est donc fortement ethnographique qui complète certaines réflexions actuelles sur l’anthropologie visuelle : il s’agit ici plus spécifiquement d’exploiter les données vidéo comme ressource pour analyser l’organisation des activités humaines d’un point de vue endogène à leur production. 

Sur le plan théorique, il s’agira de mettre en place les concepts centraux de l’interactionnisme Goffmanien (en particulier la notion de cadre de l’activité), de l’ethnométhodologie (en particulier les notions de réflexivité, « accountability », indexicalité, de « breaching experiments » et d’action instruite) et de l’analyse de conversation (systémes d’allocation des tours de parole, paires adjacentes, préférences et pré-séquences, interactions ordinaires et interactions institutionnelles, catégorisation, etc.), et de les combiner pour appréhender la dimension multimodale de l’interaction humaine que rend accessible la vidéo. Sur le plan empirique il s’agira de comprendre  d’une part comment produire des enregistrements audio et vidéo d’activités humaines « advenant naturellement » (« naturally occurring data »), comment les transcrire (en exploitant dans le cas de la vidéo des ressources  logicielles spécifiques), et comment y identifier des phénomènes interactionnels pertinents pour les participants eux-mêmes, et d’autre part de donner aux étudiants des ressources pour maîtriser les formes de technicité inhérentes à ce genre de recherches.

Au niveau de la sélection des cas concrets, on s’intéressera à des situations d’interaction dans des environnements riches en artefacts et medias variés, pour comprendre comment interagissent et se coordonnent les personnes dans ces écologies informationnelles complexes qui font en particulier peser des contraintes spécifiques sur ce qui est visuellement accessible aux participants. La formation présente donc également un intérêt pour des étudiants qui souhaitent comprendre certaines orientations actuelles dans le développement des technologies d’information et de communication.

La formation alternera théorie et études de cas empiriques. Elle est ouverte à des étudiants de niveau master (M1 et M2) et à des doctorants, issus de différentes disciplines (en particulier sociologie, anthropologie, sciences du langage, ergonomie, sciences de l’information et de la communication).

Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Francis Zimmermann (LIER-FYT)
Maud Verdier (Université Montpellier 3)

Présentation :

Linguistes et anthropologues, nous étudierons ensemble la langue et ses usages dans différents contextes ethnographiques et les interactions conversationnelles dans différents cadres de participation aux actes de parole. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions intéressant l'anthropologie, la linguistique et la sociolinguistique. A partir de nos enquêtes de terrain, nous traiterons de questions classiques comme : la communication rituelle, les arts de la parole et le théâtre,  l'ethnopoétique, l'oralité et la performance, la narrativité, musique et langage. Ou plus récentes : la multimodalité, la narrativité et le chronotope, la répétition et l'improvisation.

Performatif et vérité : confession, témoignage, aveu

Michel de Fornel (LIER-FYT)
Bruno Ambroise (Centre Prospéro)
Philippe Büttgen (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Présentation :

Le séminaire poursuivra la réflexion initiée les années précédentes sur la dimension performative de l'assertion. Reprenant les débats classiques et contemporains en philosophie du langage et en pragmatique, il mobilisera les ressources de l'anthropologie linguistique, de la philosophie des religions et de l'histoire pour comparer et analyser les aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d'actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du traitement standard de l'assertion. On étudiera ainsi les configurations socio-historiques et anthropologiques associées à des actes de parole comme la profession de foi, la confession des péchés et différentes formes de témoignage, afin de souligner la complexité de ces actes de parole, d'élucider le statut de leur(s) énonciateur(s) et d'en interroger les contextes d'énonciation. On pourra s’intéresser ensuite, toujours à titre comparatif,  à des actes de parole appartenant à d'autres familles, comme les comportatifs et les promissifs.