Comptes rendus des séminaires - Emanuele Conte

2018-2019

Lus et relus : exercices de réflexion inter-temporelle

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Paolo Napoli (LIER-FYT)
Otto Pfersmann (LIER-FYT)
Michele Spanò (LIER-FYT)

Présentation :

Le séminaire institutionnel du CENJ « Yan Thomas » continuera cette année selon la formule experimentée l'année dernière. Il s'agit d'un atelier de lecture de textes, plus ou moins classiques, qui sont particulièrement significatifs pour comprendre le rapport entre le droit et les sciences humaines et sociales. Pour chaque texte se confrontent deux lecteurs ou lectrices dont un-e connaît déjà l'ouvrage pour l'avoir lu dans le passé alors que l'autre le découvrirait pour la première fois. Il y aurait ainsi l'intersection entre une relecture et une lecture dont il pourrait être intéressant de mesurer les écarts selon les registres de l'actualité, de l'actualisation ou, éventuellement, d'une relégation définitive aux archives (historiques et conceptuels). Le couple de lecteurs ou lectrices serait caractérisé par une différence d'âge du fait que revenir sur un texte suppose normalement une expérience plus longue que celle du ou de la néophyte. Mais il n'est pas exclu en principe que le ou la plus jeun-e puissent se pencher une deuxième fois sur un livre que le ou la plus âgé-e ignorent. La formule vise aussi à un échange plus étroit entre chercheurs et doctorants dans un esprit de sollicitation mutuelle et non hiérarchisée.

Formes de droit. Histoires et historicités de l’invention juridique

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Pierre Thévenin (ISP)

Compte rendu :

Rassemblant une dizaine d’auditeurs réguliers, venus de la philosophie, de l’histoire, du droit ou de la psychanalyse, le séminaire a proposé de combiner deux séries d’approches de la notion de forme juridique, entendue comme premier résultat d’un pouvoir d’invention des juristes. Croisant les ressources conceptuelles de la philosophie et de la philologie juridique, nous avons tiré le fil de la référence au droit médiéval – entendu tour à tour comme matrice des systèmes juridiques occidentaux, comme moment clé de la transmission du patrimoine normatif romain dans la modernité et comme arrière-plan littéraire de l’édification des grands systèmes de pensée juridique hérités du XIXe siècle – pour tenter de saisir l’efficacité pratique, l’effet culturel et le comportement historique des « formes juridiques ».

La séance introductive a été l’occasion de situer notre thèse d’une historicité de l’invention juridique dans le paysage actuel de l’histoire du droit, tiraillé entre une approche dogmatique, centrée sur le réglage logique des « idées » juridiques et une veine historique, qui tend à aligner tour à tour l’histoire de la pensée juridique sur la chronologie de l’histoire socio-politique ou sur la transmission des textes.

La deuxième séance est revenue sur la caractérisation de la rationalité juridique comme rationalité formelle, en resituant la sociologie du droit de Weber dans le contexte de son dialogue avec les juristes allemands de veine dogmatique, mais aussi de son rapport à l’analyse de l’économie médiévale.

Centrée sur deux analyses de cas, la troisième séance a tenté d’illustrer les opérations, raisonnements et pratiques associés à l’invention de deux « formes » nouvelles par les juristes médiévaux, glossateurs puis commentateurs du droit civil : le domaine divisé, d’une part, dont nous avons analysé la première occurrence chez Pilius ; la règle de droit, d’autre part, définie par Bulgarus sur la base d’une lecture erronée d’une source romaine.

Pour analyser ces deux cas, la quatrième séance a proposé d’utiliser l’idée « d’activation » mise en avant par Nelson Goodman en philosophie de l’art. En distinguant cette notion de celle d’application (d’une règle) et d’allégation (d’un texte), nous avons discuté la pertinence de son importation dans la théorie du droit.

Nous avons ensuite analysé les effets historiographiques de notre attention aux « formes », en revenant d’abord sur l’analyse schmittienne du dominium mundi, que nous avons contrastée avec l’occurrence de l’idée dans le De iure fisci de Roland de Lucques (séance 5) puis sur la représentation de l’époque médiévale comme un âge d’or des communs, c’est-à-dire de formes de jouissance partagée développées indépendamment de la propriété (séance 6).

Les quatre dernières séances ont proposé d’analyser la prégnance ou au contraire l’effacement des formes juridiques dans la codification d’Alphonse le Sage, spécialement les Siete Partidas, dans lesquelles notre invité Jesus Rodriguez Velasco nous a montré l’absorption de la rationalité juridique formelle dans la perspective plus ample, pétrie de théologie juive et arabe, d’une « science de l’âme ».

Introduction aux sources et à l'historiographie du droit médiéval

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Jacques Chiffoleau (CIHAM)

Présentation :

Adressé aux étudiants d'histoire médiévale, ce séminaire court propose un aperçu général des problématiques posées par les sources des droits savants et de la pratique juridique, et donne un premier cadre des interprétations de l'historiographie spécialisée.

2019-2020

Lus et relus. Exercices de réflexions inter-temporelle

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Paolo Napoli (LIER-FYT)
Otto Pfersmann (LIER-FYT)
Michele Spanò (LIER-FYT)

Présentation :

Le séminaire continuera cette année selon la formule désormais rodée. Il s'agit d'un atelier de lecture de textes, plus ou moins classiques, qui sont particulièrement significatifs pour comprendre le rapport entre le droit et les sciences humaines et sociales. Pour chaque texte se confrontent deux lecteurs ou lectrices dont un(e) connaît déjà l'ouvrage pour l'avoir lu dans le passé alors que l'autre le découvrirait pour la première fois. Il y aurait ainsi l'intersection entre une relecture et une lecture dont il pourrait être intéressant de mesurer les écarts selon les registres de l'actualité, de l'actualisation ou, éventuellement, d'une relégation définitive aux archives (historiques et conceptuels). Le couple de lecteurs ou lectrices serait caractérisé par une différence d'âge du fait que revenir sur un texte suppose normalement une expérience plus longue que celle du ou de la néophyte. Mais il n'est pas exclu en principe que le ou la plus jeun(e) puissent se pencher une deuxième fois sur un livre que le ou la plus âgé(e) ignorent. La formule vise aussi à un échange plus étroit entre chercheurs et doctorants dans un esprit de sollicitation mutuelle et non hiérarchisée. L’auditoire est évidemment le tiers appelé à compléter cette opération.

Histoires déconnectées. Médiévalismes et nationalisation de la culture juridique en Europe (XIXe-XXe siècle)

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Pierre Thévenin (ISP)

Présentation :

Parallèlement à l’effort de ceux qui s’emploient aujourd’hui à reconnecter entre elles les histoires dont la modernité a disjoint les circuits, il importe d’étendre à la langue du droit, dans la spécificité à la fois incantatoire et technicienne de ses performances, l’examen des « déconnexions » qui ont accompagné l'essor de l'Occident.

Le séminaire sera consacré cette année à ausculter le renvoi au Moyen Âge qui a permis l’affirmation d’un caractère national des institutions juridiques, dans la culture savante du XIXe et du premier XXesiècles. Comment s’est joué le rapatriement, l’indexation « nationale » de ces formes juridiques abstraites qui, des divisions de la propriété à l’organisation des assemblées villageoises, avaient sédimenté dans le système labile du va-et-vient entre un droit romain « commun » aux nations européennes et la myriade des coutumes développées par les communautés locales ?

Afin de vérifier si un retour au Moyen Âge permettrait de « purifier l’air » des études juridiques, comme Paul Zumthor l’affirmait à propos des études littéraires, nous déclinerons cette question en examinant la part vivante de l’histoire et particulièrement de l’histoire médiévale chez quelques grandes figures de la pensée juridique allemande, de Savigny à Gierke, en passant par Hermann Kantorowicz, mais aussi chez quelques uns de leurs héritiers européens, de Frederic Maitland à François Olivier–Martin.

Notre invité cette année, Gadi Algazi (Tel Aviv University), nous aidera à mesurer l'insistance de ces « médiévalismes » jusque dans les questions les plus contemporaines.

Lire le droit. Du Digeste à ses commentaires médiévaux. Un séminaire de lecture des sources juridiques occidentales

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Dario Mantovani (Collège de France)

Présentation :

La société occidentale a confié son ordre à des textes, qui ont leur origine dans l’antiquité romaine : apparemment éloignés, un travail prodigieux de réappropriation n'a jamais cessé de les rendre proches du présent et de nous apprendre l'art de l'interprétation.

Écrits et réécrits, assemblés et démontés sans cesse, ces textes sont les miroirs des pouvoirs et des droits : ils reflètent les sociétés qui les ont créés et commentés, et en même temps établissent le canon du droit en Occident.

Ce séminaire propose une lecture à la fois juridique, philologique et historique du Digeste de Justinien et des commentaires élaborés par la scolastique médiévale.

2020-2021

Droit et histoire : évolutions et révolutions

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Pierre Thévenin (ISP)

Compte rendu :

Les séances télématiques du séminaire se sont appuyées sur une série de cours en podcast publiés par Emanuele Conte sur des plateformes informatiques ouvertes (voir https://open.spotify.com/show/1pt0yXWZwKrlHWYC6TYEDk). Ainsi il a été possible de consacrer la grande majorité du temps des séminaires à des discussions sur des points déjà abordés dans les leçons podcastées.

Les séances du séminaire ont été consacrées au Droit et à l’Histoire en présentant les développements du Droit depuis son héritage romain à travers sa place dans l’Histoire. Ce séminaire a donc pris en considération les évolutions et les révolutions en présentant les caractéristiques, les ruptures et les conséquences du Droit face à l’Histoire. S’emparant d’une lecture évolutionniste de l’Histoire, ce séminaire propose une lecture alternative de l’histoire du droit axée au changement au cours de l’Histoire et du Droit lui-même.

L’objectif de ce séminaire est d’offrir une réflexion historique du droit à l’instar des multiples règles et leur évolution et révolution dans la longue période, sans pour autant regarder seulement l’instrumentalité du droit, à savoir sa mécanique hors de son contexte historique qui engendre à la fois la société sur laquelle s’y produit et y demeure, mais aussi que s’y transforme, évolue et révolue.

Nous avons désigné certains moments de l’histoire dont nous parlons, comme la rupture du christianisme pendant l’Empire romain, la révolution au XIesiècle, la Révolution française et d’autres moments historiques qui ont marqué un changement dans les institutions juridiques en nous concentrant sur l’utilité de l’histoire du droit pour expliquer ces changements historiques majeurs.

La première rupture, qui se vérifie entre le IVe et le Ve siècle, introduit dans l’Empire romain des principes et des procédures fort différents par rapport à la tradition classique. Le christianisme adopté par les empereurs propose des procédures nouvelles, des formes de vie innovantes, comme les communautés religieuses, avec leur partage des biens et leur hiérarchie. Les institutions romaines des droits réels, des obligations, des personnes, des droits des sujets en sortent profondément changées.

L’église et donc l’autorité chrétienne à cette époque commencent à constituer la société elle-même. Maintenu ensemble par des croyances théologiques et une forte hiérarchie, ce système est à la fois légal et moral et couvre tous les aspects de la vie sociale.

Cette révolution est donc plus qu’une transformation juridique : c’est le changement des croyances, des coutumes, des valeurs.

Avec tout cela, nous voyons les origines du droit occidental dans la rencontre de deux modèles, le romain et le chrétien, unitaires du point de vue des structures juridiques. Ce système légal hérité de Rome introduit donc le droit des sujets, leur capacité de produire des obligations, d’agir en justice, et celui moral hérité du modèle chrétien introduit la forte hiérarchie dans les relations entre les sujets et fonde ainsi cette structure unitaire et révolutionnaire.

La « révolution juridique » du XIIe siècle a donc déterminé l’introduction rapide en Europe d’une culture proprement juridique, basée sur un concept nouveau de norme, sur un changement radical de l’idée de juridiction, sur la naissance d’une science scolastique entièrement dévouée à la définition des règles de droit et à la formation d’une classe de professionnels de la pratique du droit.

La troisième révolution qu’on a abordée est la Révolution française, avec son grand potentiel de changement justement dans le terrain du droit. Sur ce point la discussion avec les participants a été particulièrement riche.

Le cours s’est poursuivi avec quatre interventions du professeur invité Luigi Nuzzo, qui a présenté une révision passionnante de questions juridiques liées au colonialisme pendant le XIXe et le XXe siècle.

Lire le droit. Du Digeste à ses commentaires médiévaux. Un séminaire de lecture des sources juridiques occidentales

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Dario Mantovani (Collège de France)

Compte rendu :

Le séminaire a été dirigé par les professeurs Emanuele Conte (EHESS) et Dario Mantovani (Collège de France) et s’est déroulé sur quatre séances de trois heures délivrées en ligne.

La société occidentale a confié son ordre à des textes, qui ont leur origine dans l’Antiquité romaine : apparemment éloignés, un travail prodigieux de réappropriation n’a jamais cessé de les rendre proches du présent et de nous apprendre l’art de l’interprétation.

Écrits et réécrits, assemblés et démontés sans cesse, ces textes sont les miroirs des pouvoirs et des droits : ils reflètent les sociétés qui les ont créés et commentés, et en même temps établissent le canon du droit en Occident.

Ce séminaire a proposé une lecture à la fois juridique, philologique et historique du Digeste de Justinien et des commentaires élaborés par la scolastique médiévale.

2021-2022

Lire le droit. Du Digeste à ses commentaires médiévaux. Un séminaire de lecture des sources juridiques occidentales

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Dario Mantovani (Collège de France)

Compte rendu :

Le séminaire a été dirigé per les professeurs Emanuele Conte (EHESS) et Dario Mantovani (Collège de France) et s'est déroulé sur quatre séances de trois heures délivrées en ligne.

La société occidentale a confié son ordre à des textes, qui ont leur origine dans l’antiquité romaine : apparemment éloignés, un travail prodigieux de réappropriation n'a jamais cessé de les rendre proches du présent et de nous apprendre l'art de l'interprétation.

Écrits et réécrits, assemblés et démontés sans cesse, ces textes sont les miroirs des pouvoirs et des droits : ils reflètent les sociétés qui les ont créés et commentés, et en même temps établissent le canon du droit en Occident.

Ce séminaire a proposé une lecture à la fois juridique, philologique et historique du Digeste de Justinien et des commentaires élaborés par la scolastique médiévale.

Il s'est déroulé sur 5 séances de trois heures chacune. Pendant chaque séance la lecture du spécialiste du droit romain (Dario Mantovani) a été confronté à la lecture du spécialiste du droit médiéval (Emanuele Conte).

2022-2023

Lire le droit. Du Digeste à ses commentaires médiévaux. Un séminaire de lecture des sources juridiques occidentales

Emanuele Conte (LIER-FYT)
Dario Mantovani (Collège de France)

Présentation :

La société occidentale a confié son ordre à des textes, qui ont leur origine dans l’antiquité romaine : apparemment éloignés, un travail prodigieux de réappropriation n'a jamais cessé de les rendre proches du présent et de nous apprendre l'art de l'interprétation.
Écrits et réécrits, assemblés et démontés sans cesse, ces textes sont les miroirs des pouvoirs et des droits : ils reflètent les sociétés qui les ont créés et commentés, et en même temps établissent le canon du droit en Occident.
Ce séminaire propose une lecture à la fois juridique, philologique et historique du Digeste de Justinien et des commentaires élaborés par la scolastique médiévale.

Les séances auront lieu sur trois heures, en abordant les mêmes textes romains du point de vue du spécialiste de droit romain (Dario Mantovani) et du point de vue du spécialiste droit médiéval (Emanuele Conte).

Le séminaire se déroulera sur 5 séances, dont une sera animée par un professeur invité.