Comptes rendus des séminaires - Cyril Lemieux

2018-2019

Pas de séminaire.

2019-2020

Théorie du complot et fake news : une approche sociologique

Cyril Lemieux (LIER-FYT)

Présentation :

L’ambition de ce séminaire est de développer une approche sociologique des phénomènes couramment dénommés « complotisme », « post-vérité » et « fake news ». Un premier ensemble de séances aura pour but de préciser ce qu’implique une approche sociologique de ces différents objets (par contraste, notamment, avec les approches relevant de la psychologie, de l’économie ou du droit). Un deuxième ensemble, mobilisant les travaux sociologiques existants, en France et à l’étranger, entreprendra d’analyser la nouvelle division du travail d’information au fondement des phénomènes que le séminaire se donne pour tâche d'étudier. Un troisième, s’appuyant lui aussi sur les études disponibles, portera sur les processus de réception des fausses informations et des théories complotistes au sein de divers groupes sociaux, dans différents pays, et sur leurs effets sociaux et politiques. Enfin, dans les séances de conclusion du séminaire, on réfléchira aux formes d’intervention publique actuellement mises en place pour lutter contre ces phénomènes et sur les problèmes qu’elles posent.

Histoire et sociologie de l'éducation et des institutions scolaires

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Emmanuel Saint-Fuscien (LIER-FYT)
Séverine Chauvel (UPEC)

Présentation :

Ce séminaire - non ouvert à validation de crédits - se veut un espace de rencontre réservé aux étudiant·e·s travaillant sur les institutions scolaires et/ou l’éducation : M1, M2, doctorant·e·s ou postdoctorant·e·s de tous champs disciplinaires seront invités à présenter leurs terrains, leurs travaux, leurs lectures et les problèmes qu'ils·elles rencontrent. L’objectif est d’être utile à l’ensemble des jeunes chercheurs·ses abordant l’école, quelle que soient leur objet spécifique, leur démarche méthodologique, et l'aire culturelle et la période historique sur lesquelles ils travaillent. Il est aussi de  dessiner ensemble les bases d’un espace au sein de l’EHESS où l’histoire de l’éducation, la sociologie des mondes scolaires et l’ethnographie de l'école se croisent de façon largement décloisonnée, sans pour autant faire de l’institution ou des pratiques pédagogiques des isolats retranchés des situations historiques et sociales qui les produisent. Pour s'inscrire, les étudiant·e·s doivent faire parvenir aux enseignants un document d'une page maximum précisant leur sujet de recherche et leur intérêt pour le séminaire.

Paradoxes de la modernité. Un dialogue entre sociologues et historiens

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Cédric Moreau de Bellaing (LIER-FYT)
Pablo Blitstein (CRH)
Marion Fontaine (Sciences Po)

Présentation :

Que veut dire être « moderne » ? Conscients que la réponse à cette question n'est pas évidente, des historiens et des sociologues chercheront dans ce séminaire à réinvestir sur de nouvelles bases la question du changement au sein des sociétés qui se pensent et se veulent « modernes », quelle que région du monde où elles se situent. On tentera de cerner les exigences méthodologiques et théoriques d’une telle démarche et de montrer ses implications concrètes sur la façon de mener l’enquête en sociologie comme en histoire. Chaque séance donnera lieu à une mise en dialogue entre des travaux issus des deux disciplines ayant en commun d’aborder, à partir des cas empiriques les plus divers, un aspect déterminé du changement : la transformation des rapports d’autorité, celle du contrôle de la violence, celle du rapport au temps, ou encore, celles des modes d’attribution de la responsabilité, des formes de solidarité, de la gestion des risques, du rapport aux normes écrites, des formes du débat public ou de la hiérarchisation des savoirs. On insistera tout particulièrement sur les paradoxes que ces changements tendent à générer dans les pratiques sociales, en se demandant s’il est possible de repérer, au-delà de la singularité des cas étudiés, des contradictions récurrentes et des analogies processuelles.

Sociologies d'aujourd'hui

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Yannick Barthe (LIER-FYT)
Samuel Thomas (LAP)

Présentation :

Le séminaire vise à nommer et à explorer certains des problèmes théoriques et méthodologiques qui sont au cœur de la sociologie d’aujourd’hui. Les séances plénières sont construites autour de l’ouvrage récent d’un·e auteur·e qui y déploie, face à un problème théorique et/ou méthodologique déterminé, un certain type de réponse. Elles sont animées par les étudiant·e·s, qui confrontent l’ouvrage en question à d’autres perspectives, à partir d’une sélection (fournie par les enseignants) de trois autres textes maximum (articles, communications, extraits d’ouvrages) émanant d’autres auteurs que l’invité·e. Les séances sont organisées de manière à laisser une large place aux échanges entre les étudiant·e·s et l’invité·e.

2020-2021

Sociologie de la connaissance. 1. Le raisonnement anti-sociologique

Cyril Lemieux (LIER-FYT)

Compte rendu :

Les sociologues déplorent souvent l’indifférence, sinon parfois la franche hostilité, avec lesquelles leurs analyses sont accueillies par les non-sociologues. Mais se contenter de blâmer celles et ceux qui, dit-on, « ne comprennent pas la sociologie », constitue-t-il une réponse à la hauteur de l’ambition sociologique ? Dans ce séminaire, on a cherché à enquêter sociologiquement sur ce qui freine, au sein des sociétés contemporaines, l’adoption de raisonnements de nature sociologique, au profit d’autres modes d’appréhension des réalités sociales – tels ceux, notamment, qui individualisent ces réalités ou qui les naturalisent. Ce faisant, on s’est refusé à réduire l’attitude des acteurs face à la pensée sociologique à une simple question de réflexes intériorisés ou encore, d’intérêts et de stratégies : cherchant à renouer avec le projet d’une sociologie de la connaissance, dont les fondements furent posés il y a près d’un siècle par Karl Mannheim, on s’est efforcé de saisir la dimension idéelle et collective de leurs réticences, comme de leurs adhésions, à l’égard du mode de penser sociologique.

Grâce à l’intervention de chercheurs/ses invité·e·s, la première partie du séminaire (séances 2 à 8 : « Le raisonnement anti-sociologique en société ») a été consacrée à l’étude des raisonnements anti-sociologiques, ainsi qu’à leurs mécanismes de reproduction et à leurs effets politiques, au sein de différents milieux socio-professionnels : les agents des forces de l’ordre (intervention de Cédric Moreau de Bellaing, maître de conférences à l’ENS) ; les professionnels de l’assistance aux personnes sans domicile (intervention d’Edouard Gardella, chargé de recherche au CNRS) ; les experts spécialistes de la gestion des risques (intervention de Yannick Barthe, directeur de recherche au CNRS) ; les dessinateurs de bandes dessinées (intervention de Pierre Nocérino, postdoctorant au LIER-FYT) ; et les enseignants du secondaire (intervention de Séverine Chauvel, maîtresse de conférences à l’université Paris-Est-Créteil). A été également abordée la question des raisonnements anti-sociologiques dans l’expression ordinaire des rapports entre « communautés », grâce à l’intervention de Noémi Casati, doctorante au LIER-FYT, qui étudie les manifestations de racisme dans la ville de Béziers. Pour clore ce premier cycle, une séance s’est attachée à analyser les obstacles au raisonnement sociologique qui caractérisent en propre la culture et l’organisation sociale de différentes nations – en Europe mais aussi, plus largement, dans le monde. Cinq doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s, de nationalités différentes, ont contribué à la réflexion en exposant la situation dans leur propre pays (Aleksandr Lutsenko pour la Russie, Wenting Wang pour la Chine, Asmaa Martah pour le Maroc, Alexandra Oprea pour la Roumanie et Noémi Casati pour l’Italie).

Dans la seconde partie du séminaire (séances 9 à 12 : « Le raisonnement anti-sociologique en sociologie »), on s’est attaché à analyser la difficulté des sociologues eux-mêmes à résister au raisonnement anti-sociologique dans leur propre démarche. On a proposé de voir dans cette difficulté, dont on peut penser qu’elle est aujourd’hui croissante, la source du « problème actuel de la sociologie » (thème de la première séance du séminaire). Le séminaire s’est donné pour tâcher d’analyser non seulement les manifestations de ce « problème actuel » sur le plan des embarras épistémologiques dans lesquels les sociologues contemporains s’enferrent mais encore, et surtout, ses causes sociales (comprises en relation avec les transformations, ces dernières décennies, de l’organisation sociale). Trois jalons, correspondant à trois séances successives, ont été posés dans cette réflexion sur la pratique sociologique : on s’est d’abord demandé ce qui avait « manqué » à trois « précurseurs » de la sociologie (Montesquieu, Tocqueville et Marx) pour être pleinement sociologues : façon d’introduire la question de ce que la pensée sociologique doit à un certain état de la division du travail ; on s’est ensuite attardé sur le reproche souvent adressé à l’œuvre de Norbert Elias d’être « évolutionniste », en se demandant ce qui fonde ce reproche ou plus exactement, ce qui en fait un reproche plutôt qu’un simple constat : cette séance a été menée conjointement avec l’historienne Anne Lafont (directrice d’études à l’EHESS), qui a présenté ses réflexions sur Elias, l’Afrique et l’évolutionnisme, et a été l’occasion d’une réunion de nos deux séminaires et de leurs publics ; une troisième séance a porté sur les sociologies actuelles dans l’espace français et sur leurs difficultés à résister à certains raisonnements anti-sociologiques, notamment ceux que portent les tendances sociales à l’individualisme libéral. Grâce à l’intervention de Dominique Linhardt (chargé de recherche au CNRS), la dernière séance du séminaire a permis de revenir sur le projet d’une sociologie de la connaissance défendu par Karl Mannheim et sur ses implications théoriques et méthodologiques – ce qui a permis de mieux comprendre comment cet auteur conçoit ce qu’est un raisonnement anti-sociologique en lien avec la question du « figement » de la pensée.

Ces douze séances constituaient le premier volet de notre séminaire « Sociologie de la connaissance ». Le second volet, au cours de l’année universitaire 2021-2022, permettra d’avancer d’un pas supplémentaire dans la réhabilitation et l’actualisation du projet mannheimien, en portant attention, cette fois, aux rapports qui se nouent entre division du travail et politisation.

Histoire et sociologie de l'éducation et des institutions scolaires

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Emmanuel Saint-Fuscien (LIER-FYT)
Séverine Chauvel (UPEC)

Présentation :

Ce séminaire – non ouvert à validation de crédits – se veut un espace de rencontre réservé aux étudiant·e·s travaillant sur les institutions scolaires et/ou l’éducation : M1, M2, doctorant·e·s ou postdoctorant·e·s de tous champs disciplinaires seront invités à présenter leurs terrains, leurs travaux, leurs lectures et les problèmes qu'ils·elles rencontrent. L’objectif est d’être utile à l’ensemble des jeunes chercheurs·ses abordant l’école, quelle que soient leur objet spécifique, leur démarche méthodologique, et l'aire culturelle et la période historique sur lesquelles ils travaillent. Il est aussi de  dessiner ensemble les bases d’un espace au sein de l’EHESS où l’histoire de l’éducation, la sociologie des mondes scolaires et l’ethnographie de l'école se croisent de façon largement décloisonnée, sans pour autant faire de l’institution ou des pratiques pédagogiques des isolats retranchés des situations historiques et sociales qui les produisent.

Pour s'inscrire, les étudiant·e·s doivent faire parvenir aux enseignants un document d'une page maximum précisant leur sujet de recherche et leur intérêt pour le séminaire.

Paradoxes de la modernité

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Pablo Blitstein (CRH)
Marion Fontaine (Sciences Po)

Présentation :

Que veut dire être « moderne » ? Conscients que la réponse à cette question n'est pas évidente, des historiens et des sociologues chercheront dans ce séminaire à réinvestir sur de nouvelles bases la question du changement au sein des sociétés qui se pensent et se veulent « modernes », quelle que région du monde où elles se situent. On tentera de cerner les exigences méthodologiques et théoriques d’une telle démarche et de montrer ses implications concrètes sur la façon de mener l’enquête en sociologie comme en histoire. Chaque séance donnera lieu à une mise en dialogue entre des travaux issus des deux disciplines ayant en commun d’aborder, à partir des cas empiriques les plus divers, un aspect déterminé du changement : la transformation des rapports d’autorité, celle du contrôle de la violence, celle du rapport au temps, ou encore, celles des modes d’attribution de la responsabilité, des formes de solidarité, de la gestion des risques, du rapport aux normes écrites, des formes du débat public ou de la hiérarchisation des savoirs. On insistera tout particulièrement sur les paradoxes que ces changements tendent à générer dans les pratiques sociales, en se demandant s’il est possible de repérer, au-delà de la singularité des cas étudiés, des contradictions récurrentes et des analogies processuelles.

Sociologies d'aujourd'hui

Yannick Barthe (LIER-FYT)
Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Chayma Boda (CCJ-CECMC)

Présentation :

Le séminaire vise à nommer et à explorer certains des problèmes théoriques et méthodologiques qui sont au cœur de la sociologie d’aujourd’hui. Les séances plénières sont construites autour de l’ouvrage récent d’un·e auteur·e qui y déploie, face à un problème théorique et/ou méthodologique déterminé, un certain type de réponse. Elles sont animées par les étudiant·e·s, qui confrontent l’ouvrage en question à d’autres perspectives, à partir d’une sélection (fournie par les enseignants) de trois autres textes maximum (articles, communications, extraits d’ouvrages) émanant d’autres auteurs que l’invité·e. Les séances sont organisées de manière à laisser une large place aux échanges entre les étudiant·e·s et l’invité·e.

2021-2022

Sociologie de la connaissance. 2. Division du travail et politisation

Cyril Lemieux (LIER-FYT)

Compte rendu :

Après avoir étudié en 2020-2021 les formes du raisonnement anti-sociologique observables tant dans la vie sociale que dans la pratique des sociologues, et avoir essayé de comprendre les causes sociales de leur reproduction, le séminaire a entrepris cette année la seconde étape du programme général qu’il s’est donné pour tâche de réaliser sur trois ans : celui d’une relance de la « sociologie de la connaissance » dans la définition qu’en donnait Karl Mannheim. C’est la question des processus par lesquels les individus politisent leur existence ou évitent de le faire, qui a retenu cette année notre attention. Une des premières tâches a été de revenir sur les différentes acceptions, en science politique, du terme « politisation » et de conférer à cette notion une définition qui satisfasse aux exigences de la sociologie de la connaissance (séance 2). Cela nous a conduit à formuler une première hypothèse de travail : la politisation des agents sociaux (telle du moins, que nous entendons le terme) est rendue possible par l’existence d’un État. Quoique cette idée a parfois été contestée (à travers des débats sur lesquels nous sommes revenus), nous avons ensuite défendu – deuxième hypothèse de travail – que l’appartenance professionnelle et à travers elle, la place occupée au sein de la division du travail social (ou pour le dire encore autrement, la position de classe) constituent le déterminant essentiel de la politisation, auquel d’autres dimensions telles que, notamment, le genre, l’âge et la race sont subordonnés (séance 3). Enfin, en repartant des analyses durkheimiennes du suicide, nous avons posé, au titre de troisième et dernière hypothèse, que l’augmentation de la division du travail au sein d’une société donnée tend à y susciter un accroissement de la politisation (séances 4 et 5).

La seconde partie du séminaire a consisté, sur la base de ces trois hypothèses de travail et à l’aide de la littérature disponible en histoire et en sociologie politique, à explorer la politisation des différents groupes socio-professionnels qui, sur la période allant du début du XIXe siècle à nos jours, ont composé, et composent,  les sociétés d’Europe occidentale et d’Amérique du nord. Ont ainsi été successivement étudiées les formes prises, dans ce type de sociétés, par la politisation des intellectuels et des artistes (séance 6), par celle des classes populaires (séance 7), par celle des petits travailleurs indépendants (séance 8) et par celle, enfin, des classes dirigeantes (séance 9). Des séances ont été consacrées aux effets qu’ont sur la politisation les malaises professionnels (séance 10) et l’inactivité professionnelle (séance 11). La séance conclusive a été l’occasion de présenter la méthode et les premiers résultats d’une enquête collective menée au LIER-FYT au sujet des effets de la crise sanitaire du Covid-19 sur la politisation, en France, des acteurs et actrices au sein d’une douzaine de professions (enquête « Covipol » financée par l’ANR).

Au cours de l’année universitaire 2022-2023, le troisième volet de notre séminaire « Sociologie de la connaissance » devra permettre de franchir un dernier pas dans la réhabilitation et l’actualisation du projet mannheimien, en portant attention, pour finir, aux rapports qui se nouent entre d’une part, l’accroissement de la division du travail et le développement de l’État social survenus dans la seconde moitié du XXe siècle et d’autre part, l’apparition des reformulations idéologiques connues sous les noms de « néolibéralisme » et de « néoconservatisme » – auxquels nous adjoindrons la possibilité qu’émerge actuellement un « néo-socialisme » entendu comme une reprise de la tradition socialiste depuis l’enjeu écologique.

Conflits de modernité. Écologie, genre, race

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Pablo Blitstein (CRH-GEHM)
Marion Fontaine (CNE)

Compte rendu :

Prenant la suite du séminaire Paradoxes de la modernité, le séminaire a cette année cherché à préciser son questionnement en axant davantage ses interrogations autour de la question de la conflictualité, et en retenant des thématiques spécifiques – l’écologie, le genre, la race – qui se distinguent, de nos jours, par leur caractère hautement antagonique. À travers ce déplacement, c’est un double objectif qui a été poursuivi.

En premier lieu, il s’est agi de continuer à favoriser les échanges entre sociologie et histoire déjà engagés depuis plusieurs années. Cela s’est manifesté à la fois par l’ancrage disciplinaire des organisateurs et par l’invitation systématique, sur chaque thématique, d’un·e sociologue et d’un·e historien·ne, ceci afin de pouvoir opérer des lectures croisées de leurs travaux. L’occasion nous a ainsi été donnée de discuter, au cours de séances dont ils/elles étaient les invité·e·s, les travaux de Nolwenn Salmon (Université Lyon 3), Cyril Lemieux (EHESS), Fabrice Cahen (INED), Eléonore Lépinard (Université de Lausanne), Jean-Fréderic Schaub et Silvia Sebastiani (EHESS) et Audrey Célestine (Université de Lille).

En second lieu, il s’est agi d’aborder les trois thématiques retenues en respectant les options méthodologiques au fondement du séminaire depuis sa création, à savoir, notamment, le refus d’opposer, dans l’analyse des conflits, le traditionnel au moderne et le choix d’examiner au contraire comment la détermination de la « bonne » modernité est leur objet même. Suspendre le jugement sur le caractère « non moderne » de certains mouvements sociaux nous aura permis de comprendre en quoi ceux-ci, même lorsque leurs justifications se traduisent par un anti-modernisme doctrinal, s’inscrivent en réalité dans une forme de pensée et d’action revendicatives typiques des sociétés modernes. Cela nous aura également conduit à observer en quoi ce qui fait à certains égards l’unicité du cadre de la modernité résulte paradoxalement de la pluralité des projets de modernité qui s’y affrontent.

Le séminaire a été organisé en plusieurs temps. La première séance a été l’occasion d’un retour méthodologique sur ce que l’on entend par conflits de modernité. Le séminaire a ensuite été divisé en cycles de trois séances pour chacune des trois thématiques retenues : une séance avec un·e invité·e historien·ne, une séance avec un·e sociologue, une séance de discussion de travaux d’étudiant·es portant sur la thématique en question. En outre, le séminaire s’est clos sur une demi-journée, en mai, au cours de laquelle les étudiants qui n’avaient pas eu l’occasion de présenter leurs travaux dans les séances réservées à cet effet ont pu confronter leur propre objet à la problématique défendue dans le séminaire.

Au cours de l’année 2022-2023, le séminaire se poursuivra sur le même mode autour de conflits de modernité touchant trois nouveaux domaines : le nationalisme, l’État social et les professions.

Sociologies d'aujourd'hui

Yannick Barthe (LIER-FYT)
Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Chayma Boda (CCJ-CECMC)

Présentation :

Ce séminaire obligatoire et réservé aux étudiant·e·s de Master 2 Sociologie vise à nommer et à comprendre des problèmes méthodologiques qui sont susceptibles de se poser à tout chercheur et sont au cœur de la sociologie d’aujourd’hui. Les séances plénières sont construites autour de la discussion des travaux d’un·e auteur·ice qui est confronté·e à un tel problème et lui propose une réponse, à partir d’une enquête empirique. Les participant·e·s au séminaire, en charge de l’animation de la discussion, seront réparti·e·s en groupes de travail et accompagné·e·s dans la construction de la problématique de séance et l’aménagement des échanges avec l’invité·e.

2022-2023

Conflits de modernité. 2. Nation, État social, profession

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Pablo Blitstein (CRH-GEHM)
Marion Fontaine (Sciences Po)

Présentation :

Il est courant, dans l’analyse des conflits sociaux, d’opposer le traditionnel au moderne : certains groupes, dit-on, seraient trop attachés au passé, trop engoncés dans des croyances et des pratiques « dépassées » ; ils « résisteraient » à la modernité, redoutant de se confronter à ses exigences. Cette disqualification se renverse parfois, ainsi dans certaines analyses contemporaines, dans l’apologie des cultures ou des communautés « traditionnelles » – les « bons sauvages », les « primitifs de la révolte » – tentant de contrer le rouleau compresseur de la modernité. Si cette conception est insatisfaisante pour les sciences sociales, c’est qu’elle préjuge, dans un cas comme dans l’autre, de ce qui est moderne et ce qui ne l’est pas, quand il faudrait plutôt examiner comment la détermination de la « bonne » modernité est l’objet même des conflits. Suspendre le jugement sur le caractère « non moderne » des mouvements sociaux qui s’opposent à une définition donnée de la modernité, apparaît ainsi comme un préalable indispensable. Un tel geste de suspension est seul à même de nous faire comprendre en quoi ces mouvements oppositionnels, même lorsque leurs justifications se traduisent par un anti-modernisme doctrinal, s’inscrivent en réalité dans une forme de pensée et d’action revendicatives typiques des sociétés modernes. On est en droit, à cet égard, de les envisager comme produisant des formes alternatives de définition de la modernité et en cela, comme étant partie prenante de « conflits de modernité ». Telle est du moins la perspective que, pour la seconde année consécutive, on cherchera à développer dans ce séminaire. Comme on l’a fait l’an passé à propos des conflits autour de l’écologie d’abord, du genre ensuite et de la race enfin, il s’agira de faire apparaître ce que le recours à un cadre d’analyse fondé sur la notion de « conflits de modernité » peut changer concrètement dans le travail tant des historien·ne·s que des sociologues, cette fois à propos des trois grands types de conflits suivants : ceux qui concernent la nation et le nationalisme; ceux qui touchent à l’État social ; ceux, enfin, qui surviennent entre professions ou à l'intérieur d'une profession.

Sociologie de la connaissance. 3. Néolibéralisme, néoconservatisme : néosocialisme ?

Cyril Lemieux (LIER-FYT)

Présentation :

Le séminaire abordera cette année la troisième et dernière étape du programme général qu’il s’est donné depuis 2020 : celui d’une relance de la « sociologie de la connaissance » dans la définition qu’en donnait Karl Mannheim. En étudiant, en 2020-2021, les formes du raisonnement anti-sociologique observables tant dans la vie sociale que dans la pratique des sociologues, et en essayant de comprendre les causes sociales de leur reproduction, puis en explorant, en 2021-2022, la question des processus par lesquels les individus, dans les sociétés modernes, politisent leur existence en fonction de la place qu’ils occupent au sein de la division du travail, nous nous sommes dotés d’analyses et de concepts qui vont nous rendre possible, cette année, de formuler un diagnostic d’ensemble sur la situation idéologique des sociétés contemporaines – européennes et nord-américaines en particulier. En suivant la démarche mannheimienne, ce diagnostic sera rapporté à l’évolution, ces quarante dernières années, de la division du travail et de l’État social au sein des sociétés concernées. Il s’agira, en particulier, de revenir sur une notion qui est souvent mobilisée pour décrire une telle situation idéologique : celle de néolibéralisme. Nous chercherons à montrer que si son intérêt est de prendre acte de la transformation profonde que la pensée libérale a subie dans les dernières décennies du XXe siècle, sa limite est de n’être pas assez un concept sociologique. La première tâche du séminaire sera ainsi de proposer une reprise sociologique du concept de néolibéralisme et d’en tirer des implications méthodologiques concernant la conduite des enquêtes empiriques sur l’État et le monde social contemporains. La tâche sera ensuite de réfléchir à la manière dont l’accroissement de la division du travail et le développement de l’État social survenus à la fin du XXe siècle ont affecté également les deux autres grandes idéologies de la modernité : la pensée réactionnaire, d’une part ; le socialisme, d’autre part. Dans le premier cas, nous explorerons ce qu’il est convenu d’appeler « néo-conservatisme » et « néo-traditionalisme ». Dans le second, nous nous interrogerons sur l'émergence possible, actuellement, d’un « néo-socialisme » adossé notamment à la question écologique.

Sociologies d'aujourd'hui

Cyril Lemieux (LIER-FYT)
Yannick Barthe (LIER-FYT)
Maud Hetzel (Centre Georg Simmel)

Présentation :

Ce séminaire obligatoire et réservé aux étudiant·e·s de Master 2 Sociologie vise à nommer et à comprendre des problèmes méthodologiques qui sont susceptibles de se poser à tout chercheur et qui sont au cœur de la sociologie d’aujourd’hui. Les séances plénières sont construites autour de la discussion des travaux d’un·e auteur·ice qui est confronté·e à un tel problème et lui propose une réponse, à partir d’une enquête empirique. Les participant·e·s au séminaire, en charge de l’animation de la discussion, seront réparti·e·s en groupes de travail et accompagné·e·s dans la construction de la problématique de séance et l’aménagement des échanges avec l’invité·e.